La journée de l’efficacité énergétique et environnementale du bâtiment EnerJ Meeting 2025 se tiendra au Carrousel du Louvre à Paris le 11 février prochain. Nouveau lieu et nouvelles perspectives pour cette journée dédiée aux décideurs du bâtiment. Sept salles de conférences, 6 000 m² d’exposition, 170 conférenciers référents : le programme s’annonce riche. L’occasion d’un entretien avec Philippe Nunes, directeur de l’événement.
HORS SITE : Bâtir et rénover, Cap 2050, le slogan de la journée du 11 février 2025 : vous voyez loin ?
Philippe Nunes : Oui, c’est loin, mais en réalité, c’est proche, car nous bâtissons et rénovons aujourd’hui pour 2050. Comme nous nous adressons à des décideurs, il est important de se projeter à cet horizon. Pour cela, nous nous appuyons sur différents piliers – sobriété, efficacité, décarbonation, adaptation et résilience – que nous allons décliner dans les conférences et les ateliers d’immersion tout au long de la journée.
HS : Pouvez-vous nous détailler le programme des conférences et les différentes thématiques ?
PN : Une première séquence met à l’honneur les enjeux de la rénovation bas carbone, de la circularité des matériaux et du rôle croissant de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur du bâtiment. Ainsi, une table ronde dédiée à l’IA interrogera son rôle dans l’industrie du bâtiment, avec une attention particulière portée à une IA responsable et éthique. Nous aurons aussi un retour d’expérience sur la réhabilitation bas carbone d’un îlot, aujourd’hui Hub parisien de Google dédié à l’IA ! Dans cette même dynamique, nous nous intéresserons à l’adaptation aux conditions climatiques extrêmes, avec la question cruciale des rénovations performantes face à des températures pouvant atteindre 50°C à l’horizon 2050, à la réversibilité des bâtiments ou encore au réemploi des matériaux.
HS : Une autre séquence porte sur la RE2020, CAP 2030, le hors-site, la réversibilité, l’eau et les copropriétés. Pouvez-vous en préciser les enjeux ?
PN : L’eau est une nouvelle thématique qui nous a semblé importante à traiter compte tenu du réchauffement climatique. Sa gestion est aujourd’hui une problématique majeure, nécessitant une meilleure réglementation et anticipation. Dans cette dynamique, nous nous intéresserons aussi à la rénovation bas carbone, illustrée par l’opération Rue Pierre Charron à Paris, certifiée BREEAM Excellent et HQE Excellent, ainsi qu’à l’énergie bas carbone, avec le projet de géothermie sur sondes pour 555 logements à Ville d’Avray.
Nous aborderons également la décence énergétique, devenue une priorité avec l’interdiction progressive de la location des passoires thermiques, ainsi que les problématiques propres aux copropriétés, où il est essentiel de simplifier et massifier la rénovation. Pour le secteur de la construction neuves les évolutions réglementaires s’accélèrent avec la RE2020, qui prépare déjà les jalons de la RE2025 et RE2031. Plus ambitieux encore, CAP 2030 propose un cadre commun pour aller au-delà des normes actuelles. En parallèle, la réversibilité des bâtiments neufs se concrétise avec l’Héritage du village des JO, conçu pour évoluer sans démolition lourde.
Enfin, une conférence sur le hors-site montrera que cette solution s’impose comme une industrie bas carbone innovante, optimisant délais et coûts pour la construction et la rénovation de demain.
HS : À propos du hors-site, en tant qu’observateur, comment le jugez-vous ?
PN : J’ai l’impression que nous sommes en retard, qu’il y a un temps d’attente avant le véritable lancement. Aujourd’hui, il n’y a pas d’obligation, comme à Londres ou Singapour. Pour accélérer et combler cet écart, je pense qu’il faut réglementer, donner des objectifs, en commençant par la construction neuve. Ce sont des questions qui seront abordées le 11 février.