Genèse de la construction Hors-site

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Les pionniers
de la préfabrication

Taillées souvent dans les carrières ; une fois acheminées sur place, les pièces standardisées étaient livrées aux différents corps de métier : maçons, menuisiers, décorateurs, peintres, doreurs… qui s’affairaient sur place afin de construire notamment des monuments, des bâtiments, des temples ou des cathédrales. Le Parthénon est à ce titre un exemple saisissant. Si on remonte au milieu du XIVe siècle, le chantier du palais des papes d’Avignon fut d’ailleurs mis en œuvre à partir de pierres préfabriquées à l’échelle industrielle dont les dimensions normées variaient autour d’un module conforme aux unités de mesure en vigueur.

L’Angleterre, berceau de
la construction Hors-site

Plus près de nous, l’industrialisation est un processus qui naquit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle en Angleterre. Elle repose sur des innovations techniques majeures dont la diffusion fut très progressive.

Arrêtons-nous sur une anecdote, une première tentative anglaise qui fut soldée par un échec. En janvier 1788, lorsque la première flotte britannique débarqua en Australie, deux bâtiments préfabriqués (en bois et en toile), destinés à devenir la Maison du gouvernement et le Magasin du gouvernement, étaient à son bord. Cette première tentative ne fut guère concluante avec l’effondrement presque immédiat des bâtiments.

À partir des années 1830, en Australie, on assista un véritable engouement pour la tôle ondulée, inventée en Grande Bretagne en 1829, galvanisée à partir de 1837 et adoptée par les Australiens. Les tôles étaient légères, simples à mettre en place et relativement bon marché. Le matériau résistait à la plupart des conditions difficiles dans la brousse. On l’utilisait pour construire des hangars, réservoirs d’eau, et maisons. Véritable brise-vent et quasi indestructible. Même les peuples autochtones l’adoptèrent chez eux, l’appelant “the white man’s bark” (l’aboiement de l’homme blanc).

En 1830, le charpentier britannique John Manning construisit une maison en bois en pièces détachées, facile à assembler, soit la première maison préfabriquée documentée. Transportable, elle était destinée à son fils qui s’apprêtait à migrer en Australie (Perth). C’était une simple construction hybride en bois et en fer, emballée dans une caisse et livrée sur les quais. Manning décida de commercialiser l’idée sous le nom de Manning’s Portable Colonial Cottages : son succès fut retentissant. Le bâtiment bien calé sur un chariot pour être conduit était érigé sur un site en quelques jours.

La ruée vers l’or
australienne

Après le début de l’exploitation minière, ruée vers l’or australienne au début des années 1840, parallèlement à la ruée vers l’or en Californie, ces lieux préfabriqués évoluèrent pour répondre aux besoins urgents en logements. Par la suite, dans les années 1850, Manning recruta un concurrent à Samuel Hemming, qui se lança même dans les églises préfabriquées, entièrement façonnées en tôle ondulée. Les bâtiments de Hemming étaient beaucoup moins chers et plus légers que le bois et encore plus faciles à monter, mais toujours mal isolés.

Le Crystal Palace,
grande première

En 1851, la première « Great exhibition ofthe works of industry of all nations » en Angleterre fit date, bien que l’idée de montrer des produits industriels eût germé préalablement sur le territoire français. Sur une surface de 90 000 m2, le Crystal Palace de Joseph Paxton fut édifié avec brio. Deux mille ouvriers, sans qualification spécifique, se chargèrent de l’assemblage de l’édifice. Malheureusement, Le Crystal Palace, inspiré des serres horticoles, fut détruit par un incendie en 1936.

Nous assistons actuellement à la métamorphose et à une montée en popularité de la préfabrication en matière constructive. Afin de mieux cerner ses applications et ses méthodes dans les pays les plus emblématiques du Hors-site, nous vous proposerons une suite d’épisodes dans les # à venir du magazine.