Séquence interview, Eric Aurenche, président du groupe GSCM

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Réduire ses déchets, limiter sa production de carbone, raccourcir ses délais de fabrication…Et si l’économie circulaire et le réemploi étaient les clés pour répondre aux problématiques de la construction ?

Le groupe GSCM a fait de la construction modulaire industrialisée métallique sa marque de fabrique.

Quel est votre parcours ?

Mon aventure dans le modulaire a commencé en 2013 : j’ai dirigé pendant sept ans la filiale française d’un groupe familial allemand spécialisé dans la construction industrialisée modulaire et hors-site avec un très haut niveau de technicité. En parallèle, en 2018, j’ai été élu président de l’ACIM, le syndicat des acteurs de la construction industrialisée modulaire. En 2020, j’ai saisi avec grand plaisir l’opportunité de rejoindre GSCM, un des spécialistes français de la construction modulaire industrialisée métallique, pour en devenir le président.

Quelles sont les activités du groupe GSCM ?

À mon arrivée, le groupe était constitué de cinq entités : quatre entreprises historiques (Bodard Ouest et Bodard Est, Decortes et Solfab) qui fabriquent des modules métalliques mis à disposition de loueurs spécialistes ou généralistes et des bâtiments modulaires définitifs pour le tertiaire et l’industrie. Le groupe s’était agrandi en 2019 grâce au rachat de CNSE qui propose des abris roulants de chantiers. En 2021, nous avons racheté Daudin, un fabricant de remorques de spécialité et d’abris roulants, complémentaire de CNSE dans son offre produits. Et fin 2021, nous avons fait l’acquisition de Deltamod, le spécialiste français du bâtiment modulaire de réemploi. Aujourd’hui, GSCM dispose de sept sites de production français.

Quel est l’intérêt du réemploi ?

Un bâtiment de réemploi a un bilan carbone bien meilleur qu’un bâtiment neuf qu’il soit RT2012 ou RE2020, en bois ou en métal, selon les études de Tribu Énergie, cabinet de référence sur ce sujet. Dans l’analyse du cycle de vie (ACV), il est possible de gagner 250kg de CO2 au m2 puisque la structure métallique de réemploi en tant que telle est valorisée à 0kg de CO2/m2. Le bilan carbone d’un bâtiment modulaire de réemploi dépasse d’ores et déjà les exigences carbone de 2031 de la RE2020!

Quelles sont les problématiques spécifiques aux bâtiments modulaires de réemploi ?

Ces bâtiments ancrés provisoirement au sol et déplacés posent la question de la garantie décennale lors de leur deuxième vie. Aujourd’hui, à son échelle, Deltamod est déjà en mesure de proposer une garantie décennale sur du modulaire de réemploi, avec des contrats de maintenance et d’entretien clé en main.

Comment lever les freins qui pèsent sur la filière du réemploi ?

Le CSTB et l’ACIM ont co-construit une certification de la filière de construction industrialisée de modules basée sur les quatre étapes de la vie du bâtiment : la conception, la production, le montage, mais aussi le démontage en vue du réemploi qui sera de nature à rassurer les assureurs. L’autre question que nous sommes en train d’étudier est celle de l’ancrage réversible. Ce concept n’existe pas dans le Code de la construction actuel. Si on veut faire avancer le réemploi, il faut faire évoluer le cadre juridique.

Quelle est la nouvelle tendance que vous identifiez dans le secteur duré emploi ?

Nous voyons de plus en plus de demandes de logements déplaçables dans des zones en tension qui n’ont pas assez de logements par rapport aux emplois proposés. L’ancrage réversible des bâtiments permet de répondre à ces besoins ponctuels. Le « nomadisme » des constructions est encore une niche, mais elle a sûrement vocation à se développer.

Propos recueillis par KimBiegatch