Tisser l’architecture à partir de fibres de lin

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Les fibres naturelles représentent une alternative viable et économe aux matériaux de construction conventionnels qui dégradent l’environnement. Force est de constater que le projet du pavillon livMatS porté par le professeur Achim Menges fait figure de pionnier : premier bâtiment dont la structure porteuse est réalisée intégralement à partir de fibres de lin enroulées par des robots. Cette architecture aux avant-postes du biomimétisme, s’inspire aussi très largement de cactus au niveau de la structure.

Pavillon livMatS

Situé au cœur du jardin botanique de l’université de Fribourg, le pavillon livMatS est le fruit de la recherche d’une équipe d’architectes et d’ingénieurs œuvrant conjointement pour l’Institute for Computational Design and Construction (ICD) et l’Institute of Building Structures and Structural Design (ITKE) de l’université de Stuttgart. Ce projet bio-inspiré atteste de l’émergence de nouveaux processus de conception qui tiennent compte simultanément des exigences géométriques, matérielles, structurelles, productives, environnementales et esthétiques. Il est la démonstration vivante que les techniques de fabrication robotique avancées appliquées aux matériaux naturels, sont capables de générer une architecture hors pair et durable.

Les éléments structurels du pavillon livMatS sont donc construits avec des fibres de lin, aux performances hygrothermiques, entièrement renouvelables, biodégradables, disponibles en Europe centrale et poussant selon des cycles de culture annuels. Combinées aux méthodes de construction modulaire, elles contribuent à réduire significativement l’empreinte environnementale des bâtiments. On observe que la structure porteuse se compose de 15 éléments en fibre de lin, préfabriqués de manière robotique exclusivement à partir de fibres naturelles filées en continu, ainsi que d’un élément fibreux de couronnement au sommet de la structure. La longueur totale des éléments varie de 4,50 à 5,50 m et leur poids moyen n’est que de105 kg. L’ensemble de la structure en fibres pèse environ 1,5 t et couvre une surface de 46 m².

Par ailleurs, ce projet s’inspire d’une part, du cactus saguaro (Carnegia gigantea) et d’autre part, du cactus à figues de barbarie (Opuntia sp.) qui se caractérisent par une structure en bois toute particulière. Le cactus saguaro possède un noyau cylindrique en bois, creux à l’intérieur et de fait, particulièrement léger. Il s’agit d’une structure en bois en forme de filet conférant au squelette une stabilité supplémentaire, formée par la croissance croisée de ses différents éléments en bois. Quant au figuier de Barbarie, le tissu de ses pousses latérales et aplaties, est également tissé de faisceaux de fibres de bois en forme de filet. Il possède en outre, une capacité de charge très élevée.

Pour finir, le pavillon livMatS est recouvert d’une peau en polycarbonate étanche, qui non seulement fournit un abri contre les intempéries, mais protège également les fibres des rayons UV directs et de l’humidité due à la pluie ou à la neige. Situé dans le jardin botanique de l’université de Fribourg, le pavillon livMatS offre une alternative viable et économe en ressources aux méthodes de construction conventionnelles et représente donc un pas important vers la durabilité en architecture. Il s’agit du tout premier bâtiment dont la structure porteuse est entièrement constituée de fibres de lin enroulées par des robots, un matériau entièrement renouvelable et biodégradable, disponible en Europe centrale.

par Virginie speight