Carnet de voyage

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La construction modulaire, nous transporte cet été au bord de l’eau. L’occasion d’aller de découverte en découverte sur la plage, autour d’un lac, et le fin du fin, au milieu d’un aéroport [ par Virginie Speight ]

Commençons par une petite ballade sur le sable, au bout du monde bien évidemment. Notre regard s’arrête l’espace d’un instant sur le design distingué et minimaliste d’un bungalow signé Ôzento. Déformation professionnelle oblige, nous allons à la chasse aux renseignements. Le bungalow en question a été pensé pour les particuliers ou les hôteliers qui recherchent un havre de paix. Il permet une personnalisation des extérieurs, de la décoration, des matériaux, des modules autonomes et des équipements. L’indépendance énergétique totale favorise son installation en tout lieu, sans oublier la facilité de montage propre à la construction modulaire. Changement de décor, nous voici arrivés au bord d’un lac avec vue sur une maison répondant au nom d’Anywhere House, un modèle d’habitation très apprécié en Amérique du Nord. Nous apprenons que cette maison a été créée par James Whitaker, architecte renommé basé à Londres qui avait marqué les esprits avec la conception de la résidence Joshua Tree (USA). Pour la fabrication d’Anywhere House, il a été décidé de concevoir des éléments standards, mais suffisamment flexibles pour qu’ils s’adaptent à l’esprit du propriétaire.

Grâce à la construction hors-site plébiscitée par l‘architecte, chaque module a été acheminé facilement sur le site – dimensions limitées prévues pour le transport routier. Nous continuons notre périple pour cette fois-ci faire une halte à l’université Clemson en Caroline du Sud, lieu propice au bien-être des étudiants. Le bâtiment du campus a été conçu par l’agence d’architecture américaine Cooper Carry, à partir d’une structure en bois massif (pin jaune). Le CLT fabriqué en usine (préfabrication hors-site) est léger, résistant au feu.

Par ailleurs, il présente l’avantage de séquestrer le carbone, substitut idéal à l’acier ou au béton. Dans un souci d’esthétique et de durabilité, d’autres types de bois ont été utilisés. À savoir, le revêtement extérieur du bâtiment central qui est constitué de panneaux de résine imprégnés de bois. La chaleur du bois procure une expérience apaisante et relie les étudiants et les visiteurs à la nature : la douceur du lac, la voûte des arbres à portée de vue. Un peu plus, nous aimerions retourner à l’école.

Dernière étape avant de clore notre voyage – cap sur Singapour. D’entrée, le nouveau complexe à usage mixte de l’aéroport Jewel Changi, source d’étonnement à plus d’un titre offre une expérience exceptionnelle. L’aéroport où transitent chaque année 85 millions de voyageurs porte bien son nom « Jewel » : véritable joyau. Ce lieu hors-norme est composé, en plus de ces infrastructures dédiées au transport aérien, d’une vaste forêt intérieure avec des boutiques de luxe, des hôtels et des restaurants. BuroHappold Engineering, sous l’égide du talentueux Moshe Safdie (Safdie Architects), a fourni des services d’ingénierie de structure et de façade pour réaliser la peau de cette structure iconique. L’enveloppe extérieure du bâtiment a demandé beaucoup d’ingéniosité compte tenu notamment de sa complexité géométrique.

Au sommet de la verrière de Jewel nous découvrons une gigantesque chute d’eau intérieure qui déverse environ 500 000 litres d’eau au centre du bâtiment. Le « vortex de pluie » est à ce jour, la plus haute chute d’eau couverte au monde. Des outils de modélisation des informations du bâtiment (BIM) les plus avancés ont été indispensables pour optimiser la conception de cette architecture étonnante. La structure inédite du toit en verre et en acier s’étend sur plus de 200 mètres de large, avec des supports intermittents dans le jardin, ce qui a permis d’imaginer l’intérieur pratiquement sans colonnes. La géométrie du toit est basée sur un toroïde semiinversé, ou donut, avec donc la chute d’eau de pluie intérieure en son centre. Il n’est pas étonnant que cet aéroport ne soit pas fréquenté que par des voyageurs. Difficile d’en repartir.