La cité scolaire de Sartrouville sera décarbonée… et exemplaire

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À Sartrouville (78), une cité scolaire unique en son genre est en train de voir le jour. Le projet, mené à l’initiative du conseil départemental des Yvelines et de la Ville, combine innovation architecturale, technique de construction bas carbone et excellence environnementale. Il se tiendra à l’abri d’une vaste canopée pour offrir un cadre éducatif propice à l’apprentissage et à la mixité sociale.

Devant les panneaux de béton et de bois, les lames verticales des façades rythment l’ensemble dans le but de créer une unité architecturale.

En septembre 2025, les collégiens devraient inaugurer la nouvelle cité scolaire de Sartrouville, avant d’être rejoints dans un deuxième temps par les élèves de maternelle et de l’école élémentaire. Ce sera l’aboutissement d’une opération de renouvellement urbain, initiée en 2021 par le conseil départemental des Yvelines (CD78) et la Ville de Sartrouville, qui ont lancé un marché public global de performance pour construire une nouvelle cité scolaire. Ce programme répond à un double objectif : renforcer la qualité de l’enseignement et améliorer l’attractivité des infrastructures publiques. La réalisation est le fruit d’une collaboration entre les cabinets d’architecture Officina et Gianni Ranaulo Design. Les travaux ont été confiés aux entreprises GCC Équipements Publics IDF et Léon Grosse Construction, avec la participation de plusieurs bureaux d’études et économistes.

La future cité scolaire, en cours de construction, accueillera environ 1200 élèves. Elle comprendra une école maternelle de neuf classes, un accueil de loisirs sans hébergement, une école élémentaire de onze classes, un collège de vingt classes, un centre d’apprentissage des langues, une restauration scolaire, un gymnase et plusieurs installations sportives, un Centre de Documentation et d’Information (CDI) ainsi qu’un amphithéâtre. Des logements de fonction et des espaces de stationnement sont également prévus. Le coût total est de 80 millions d’euros, financé à hauteur de 34% par la commune et 66% par le département. La construction se déroule en deux phases : la première a consisté en la déconstruction des structures existantes et la construction des bâtiments principaux, tandis que la seconde se concentre sur la création de l’école élémentaire après la démolition de l’ancienne maternelle.

Mur porteur en béton de bois

Au plan architectural, elle est structurée autour de la «canopée», une structure couvrante qui relie les différents bâtiments, organise les flux piétons et unifie visuellement l’ensemble (voir encadré). Outre l’ambition architecturale et urbaine revendiquée, la cité scolaire s’inscrit dans une démarche environnementale de haut vol, en visant leniveau 3 du label «Bâtiment Biosourcé» et s’engageant à une consommation énergétique inférieure à 50kWh/m². Pour y parvenir, l’opération inclut l’installation de panneaux photovoltaïques couvrant un quart des besoins électriques, une chaufferie biomasse de 2 MW et un système de récupération de chaleur. Les toitures seront végétalisées et un dispositif de gestion optimale des eaux pluviales à la parcelle sera mis en place. « Ces objectifs, explique Alessandro Maiolatesi, architecte chez Officina, ont bien sûr guidé nos choix sur les principes constructifs, avec l’utilisation du bois pour la charpente et la structure du gymnase et celle du béton de bois pour les façades droites. Les voiles en béton de bois préfabriquées répondent à plusieurs exigences, et en particulier un bilan carbone négatif, grâce à un sourcing responsable et à une simplicité et rapidité de mise en œuvre, car produites industriellement et sur mesure dans l’usine de Mignières (28). Elles s’adaptent au rythmes ou tenu du planning de chantier. »

L’innovation réside dans la solution de mur porteur en béton de bois Spurgin, mise en œuvre à grande échelle ici. Cette solution, à la fois structurelle, bas carbone et bio-sourcée, se distingue par ses performances techniques et environnementales. Produite industriellement et sur mesure dans l’usine Spurgin de Mignières inaugurée l’année dernière, cette solution est livrée en « juste à temps » pour s’adapter au planning d’un chantier à rythme soutenu. «Elle améliore la sécurité sur le chantier grâce à une mise en œuvre simple, réduisant les frais d’équipement, les délais et les coûts d’exécution », expliquent les entreprises. De plus, elle diminue considérablement la pénibilité du travail. La solution garantit également d’excellentes finitions et une facilité opérationnelle grâce à des parements adaptés au second œuvre.

Stable dans le temps, elle ne gonfle pas et résiste aux variations mécaniques, au feu (deux heures), aux insectes xylophages et aux champignons. Il s’agit d’un système complet. Le béton de bois offre une performance de déphasage thermique jusqu’à dix-sept heures pour une épaisseur de 30 cm. Il maintient une température intérieure basse et constante en été, tout en permettant à la vapeur d’eau de passer naturellement, garantissant ainsi une hygrométrie constante et évitant la condensation et le dessèchement de l’air. En outre, traité selon des préconisations simples, il affaiblit les sons extérieurs au-delà de la norme en vigueur (jusqu’à 62dB) et absorbe les sons intérieurs pour une qualité acoustique accrue. Le système coche toutes les case.

Stéphane Miget