Ce titre, volontairement provocateur, entend mobiliser une profession clé de la construction hors site… qui tarde encore à s’impliquer. Car oui, il s’agit d’alerter les architectes sur le risque quʼils encourent, sʼils ne sʼintéressent pas activement à ces nouvelles pratiques, de voir leur pouvoir transféré à dʼautres – voire à des intelligences artificielles.
Emmanuel Coste, architecte
Au-delà dʼune solution technique innovante pour construire, le hors-site représente, à mes yeux, une formidable opportunité de réinventer nos manières de concevoir un projet. Longtemps habitué à travailler de façon solitaire, dans le rôle central et parfois égocentrique de chef dʼorchestre, lʼarchitecte a du mal à se fondre dans une dynamique interdisciplinaire. Pourtant, la pratique collaborative a existé dans l’histoire. On peut évoquer la construction du Duomo de Florence, commencée au XIIIe siècle, qui a vu la collaboration entre disciplines et lʼéchange de savoirs pour aboutir à cette œuvre technique et artistique dʼexception. Son modèle a inspiré de grands esprits comme Léonard de Vinci et dʼautres figures de la Renaissance. Précurseur de lʼutilisation du BIM, jʼavais espéré que ces outils numériques faciliteraient la collaboration entre tous les acteurs, mais la réalité est éloignée de cet idéal. Ce nʼest probablement pas lʼoutil qui est en cause, mais plutôt la sectorisation rigide des métiers de la conception, qui freine tout effort de partage. Et pour avoir vécu lʼavant-BIM, je me suis souvent demandé si cet outil collaboratif ne risquait pas de mettre en lumière lʼabsence de contribution réelle de certains participants de lʼéquipe projet… qui, de fait, freinaient son déploiement… (Suite de l’article dans le magazine N°27)