SENSATIONS EXPÉRIMENTALES ET INNOVANTES
À Strasbourg, le chantier de la plus grande tour de logements d’Europe entièrement en bois entre dans sa dernière phase. Pour une livraison au printemps prochain. « Sensations » est le premier démonstrateur de la capacité de construire en bois, en hauteur, en ville.
« En favorisant le développement de constructions en bois, nous construisons une ville plus durable par l’utilisation de matériaux renouvelables capables de stocker le carbone.Cette volonté rend notre cadre de vie plus chaleureux par l’emploi de matériaux d’essence naturelle » et Roland Ries, maire de Strasbourg, de poursuivre: « Nous voulons créer une ville transfrontalière entre Strasbourg et le Rhin. Cette zone constitue un laboratoire de la construction en Europe. Elle accueillera 50 000 nouveaux habitants d’ici 20 ans. »
C’est dans ce contexte particulièrement favorable à l’innovation que le projet, porté par Bouygues immobilier, et conçu par Koz Architectes et ASP architecture a pu voir le jour.
Noyau d’ascenseur en bois
Il se compose de 146 logements répartis sur trois bâtiments. Deux en r+8 et un en r+11 qui culmine à 38 m de hauteur. « Sensations » est la première tour de logement grande hauteur. Présentant des planchers, des façades ainsi que des noyaux d’ascenseur et d’escaliers 100% bois. Attribuée en 2013, il aura fallu cinq ans d’études pour tester et valider les solutions innovantes structurelles et thermiques de cette réalisation qui coûtera environs 14 millions d’euros, de l’ordre de 20% de plus qu’un bâtiment classique. Mais le promoteur a bénéficié de 2.7 millions d’euros de subventions du programme « Ecocité-Ville de demain » du Programme d’investissements d’avenir (PIA).
Bepas
Et les qualités en terme d’isolation vont générer des gains sur le chauffage et un coût de fonctionnement moins important qu’en traditionnel. A 3 500 €/m² (contre 2666 € en moyenne à Strasbourg), le programme est entièrement commercialisé avant la livraison. La raison ? Ce démonstrateur de la construction bas carbone et biosourcée affiche pour cible minimale le label Bâtiment à énergie passive (BEPAS), avec des besoins en chauffage qui n’excèderont pas 15kWh/m²/an.
Les futurs habitants bénéficieront d’un plancher réversible, pour les besoins de chauffage en hiver et le rafraîchissement en période estivale. En hiver une pompe à chaleur capte l’énergie naturelle de la nappe rhénane et la restitue par la chape chauffante au sol et pour le pré-chauffage de l’eau chaude sanitaire. EN été, le système de rafraîchissement permet au sol de transmettre sa fraîcheur et d’adoucir la température de l’air.
La qualité de l’air à été aussi l’objet de toutes les attentions avec des matériaux à faible émission de polluants. Des faux plafonds qui éliminent les COV, des revêtements muraux et des sols majoritairement à faible émission de solvants, naturels et recyclables.
Prototype
Reposant sur un socle de béton, les planchers courants, les murs de refends porteurs et les façades sont en bois lamelé-croisé (CLT) non traités. Associés à une structure poteaux-poutres en lamellé-collé. Les cages d’escalier et ascenseur, aussi en bois, sont désolidarisées du reste du bâti pour l’acoustique.
Six mois de calculs ont été nécessaires pour modéliser cette tour tout-bois, autoportante et stable dans une zone sismique 3. Les temps de montage de la filière sèche ont apporté la preuve de leur rapidité. Il n’a fallu que 3 mois et demi pour monter la structure complète des 146 logements. 7 semaines et demi pour le plot le plus haut. » Mais, nous sommes encore en phase de prototype. À l’avenir en capitalisant sur l’expérience, le planning des travaux devrait pouvoir être raccourci de 30% », estime Christophe Ouhayoun de l’agence KOZ.
Empilage par niveau
Avec Eiffage en entreprise générale, c’est Altibois qui s’est chargée de la construction bois. L’entreprise haut-savoyarde de Joël Blanc a procédé à un empilage niveau par niveau. Mur sur mur, pour ne pas écraser les plis des planchers en CLT.
L’épaisseur des panneaux se réduit même en montant les étages. L’acoustique des planchers est traitée avec une dalle intégrant de plancher chauffant. Une couche résiliente acoustique et un faux plafond. L’entreprise autrichienne KLH a fourni les éléments préfabriqués en CLT. Des murs de 12 et 15 cm en plis et des planchers de 20 et 22, en 5 ou 7 plis.
En une vingtaine d’années, ce fabriquant a développé un savoir faire dans l’usinage. La découpe des panneaux et la logistique d’approvisionnement des chantiers d’ampleur européenne.
Livraison à l’avancement
Chez Lignatec, l’agence commerciale de KLH en France. Maxime Hulk a assuré l’assistance technique de ce projet. il nous explique les principales étapes du process de fabrication : » Le charpentier dessine la maquette 3D avec les références de chaque pièce pour l’ordre de montage et de chargement du camion. KLH reçoit les plans trois semaines avant la livraison.
La première semaine est consacrée à la programmation des machines à commande numérique. Les deux suivantes à la taille et au chargement des remorques. Les livraisons s’effectuent au rythme de 5 à 8 camions par semaine. Avec des éléments de 2.40m de large pour les planchers, de 2.95 ou 3 m pour les murs sur 10, 12 ou 15 m de long. Les remorques sont déchargées en trois rotations de grue en 1/2 journée ».
Ce mode de production, à l’avancement du chantier ne mise pas sur les effet de série, mais sur sa grande réactivité. » Par contre, quand on lance le processus , on ne peut pas décaler, ni stocker plusieurs remorques sur le chantier ». « Pour Sensations, nous avons livré 18 670 m² de panneaux KLH correspondant a 3 100m3 de bois ».
Architectes : Koz Arc
Bois CLT : KLH hitecture et ASP Architecture
Promoteur : Bouygues Immobilier
Construction : Eiffage
Charpente : Altibois
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