L’impression 3D : des ouvrages taillés au cordon

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La fabrication additive dans le gros œuvre a passé un nouveau cap avec la création d’ateliers industriels de préfabrication. Désormais, l’impression 3D en béton en hors-site n’attend plus que des projets pour montrer toute son efficacité en termes de qualité, de sécurité et de décarbonation. En attente aussi, une normalisation pour relever le défi structurel dans un contexte assuranciel.

Par Stéphanie ; Lacaze-Haertelmeyer

Décarbonation mais aussi pénurie de main-d’œuvre et volonté de faire monter en compétences ses collaborateurs : l’impression 3D en ateliers vue par le groupe Spie Batignolles se fonde aussi sur une forte contribution des collaborateurs pour faire émerger de nouveaux usages sur les chantiers

Spectaculaire depuis dix ans – avec ces bâtiments filmés en laps time sortis plus vite de terre qu’un champignon –, le marché de l’impression 3D en France reste malgré tout embryonnaire. « Mais l’intérêt qu’il suscite est croissant, affirme Grégory Fouant, directeur des services Matériel, Méthodes & du GIE Fabrication Additive chez Spie Batignolles, première entreprise générale du BTP à se doter d’un parc propre d’unités d’impression 3D et d’une marque dédiée (cf.encadré). Pas pour proposer des projets full 3D, « mais pour apporter une brique dans la construction qui vient se consolider avec le béton coulé sur place, la préfabrication ou du mixte tel que du bois béton ». Autre signal de la poussée 3D : « Les coûts se réduisent, analyse Dominique Corvez, PDG de XtreeE. Pour ses encres à béton, Lafarge a travaillé sur sa logistique, intégré des effets d’échelle et allégé de manière notable le prix des formules. »

C’est le premier levier pour une accélération de cette fabrication additive en hors-site qui s’accompagne « d’une forte volonté d’industrialisation du BTP, en travaillant le plus en amont pour avoir une meilleure maîtrise de la chaîne », reprend Grégory Fouant. « Cette démarche constructive digitalisée à partir d’une maquette numérique apporte une conformité parfaite à la conception avec de la précision dans la réalisation, des engagements conformes en matière de prix et des délais plus fluides et plus rapides. » Côté production, cette préfabrication fait aussi valoir ses avantages : réduction de la pénibilité et des risques sur chantier. « Il y a bien sûr une phase d’acculturation de nos équipes. Les pièces sont livrées avec des modes opératoires spécifiques et même un accompagnement pour leur mise en place. Mais depuis que nous avons démarré l’impression 3D, les retours sont très positifs de la part de l’encadrement et des compagnons », ajoute le directeur des services Matériel, Méthodes & du GIE Fabrication Additive chez Spie Batignolles. Et ce ne sont pas les seuls atouts de cette fabrication additive.

Optimiser la matière

Par rapport au béton armé, l’impression 3D change de paradigme. « Grâce à l’optimisation topologique aux formes plus biomorphiques, la matière n’est utilisée que là où elle est nécessaire, précise Fabrice Decroix, directeur innovation France chez Sika. Avec le calcul numérique, la quantité de béton est réduite de manière significative, utilisant donc peu de sable et moins d’eau. » L’impression 3D hors-site devrait donc devenir la solution écologique, facile et économique pour réaliser des boîtes de réservation. « Le plus souvent en bois et sur mesure, elles sont longues à fabriquer et génèrent des déchets. Idem pour les coffrages perdus. Au lieu de réaliser des pièces métalliques à la géométrie bien définie, avec l’impression 3D hors-site, les…(Suite de l’article dans le magazine N°26)