Convaincu des atouts du hors-site, l’architecte Emmanuel Coste nous met cependant en garde contre les dérives auxquelles il pourrait donner lieu. Et nous livre en guise d’antidote son plaidoyer humaniste pour faire de ce mode de construction un beau moyen de rendre les gens heureux.
par Emmanuel Coste, architecte, président de Coste architectures
Aujourd’hui, la construction hors-site a atteint un niveau impressionnant de maturité dans ses processus industriels. Mais cette avancée technique est-elle suffisante pour rendre la méthode attrayante et bénéfique pour l’humanité ? Au-delà des prouesses techniques et des optimisations économiques, l’objectif fondamental de toute construction n’est-il pas de créer des lieux de vie où les individus et les familles puissent s’épanouir ?
En tant qu’architecte connecté au vivant, je m’interroge sur la qualité de vie et la qualité architecturale des projets. Si la construction hors-site se limite à empiler des modules sans prendre en compte leur intégration dans le contexte ni le bien-être de ses occupants, nous risquons de transformer l’habitat en un assemblage déshumanisé qui néglige les aspirations profondes des futurs habitants et l’essence même de la création architecturale. Pour que la construction hors-site ne soit pas une solution technique simplement efficace mais une réponse aux besoins humains, il est impératif que les architectes jouent un rôle central dans ce processus. Leur mission est d’infuser chaque projet de la touche de vie, de sens et de poésie indispensables. Cette dimension humaine et émotionnelle, souvent négligée dans les processus standardisés, est ce qui permet à un bâtiment de devenir un lieu de vie, harmonieux et inspirant. Il est crucial d’aller au-delà des considérations logistiques et économiques pour se concentrer sur l’impact de nos créations. En intégrant des principes de durabilité, de confort, de connexion avec la nature et de créativité, nous pouvons faire du hors-site…(Suite de l’article dans le magazine N°26)