Virginie Speight. Vous tenez une place importante dans le milieu de la construction, comment tout a commencé ?
Marika Frenette. Après mes études, j’ai travaillé en France, d’abord dans le domaine de l’urbanisme et de l’aménagement de territoire et de l’architecture de paysage. Ensuite, je suis revenue au bâtiment parce que cette échelle du concret, du court terme par rapport à l’urbanisme me donnait envie et en particulier via la construction bois. Puis en arrivant à Nantes, il y a 20 ans, je suis allée par hasard au Carrefour International du bois. L’odeur du bois, un peu comme les madeleines de Proust m’a remémoré beaucoup de choses car dans ma famille, il y a plusieurs fabricants de composants d’ingénierie et c’est comme ça que je suis arrivée sur la partie bâtiment puis environnement pour aboutir à la création de l’entreprise. C’était, il y a 12 ans avec une collègue allemande.
V.S. Quelle a été votre approche ?
M.F. Le point de départ était construire autrement, en s’inspirant d’approches germaniques et nord américaines autour de la construction passive qui faisait ses débuts en France, et autour de la construction saine. Il y avait tout ce qui concernait aussi la construction bois performante donc à la fois sur la structure, l’enveloppe, et déjà la préfabrication. Il se trouve que dans la famille, mon père* était ingénieur civil et il avait co-fondé une société de préfabrication en bois, donc c’est quelque chose dans laquelle j’ai évolué, que je connais bien. La réutilisation des matériaux a toujours été une préoccupation. En Amérique du Nord, on est historiquement sur le ReClaim parce que c’est l’esprit de récupération propre aux pionniers qui n’avaient pas d’argent en arrivant au Canada. L’idée de récupérer, réutiliser est inscrit dans la culture nord-américaine depuis très longtemps…