Singapour ou le hors-site grandeur nature

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Construire de manière intelligente, efficace et écologique est une priorité pour l’industrie résolument hors-site de la construction à Singapour.par Virginie Speight ]

Le secteur du bâtiment et de la construction de Singapour est dirigé par le gouvernement. L’Autorité de la construction et du bâtiment [BCA] est le régulateur du secteur. Si l’on veut construire à Singapour, la fabrication horssite ne doit pas représenter moins de 65 %. Le processus hors-site est utilisé depuis les années 1980.

Outre l’adoption de technologies de construction productives telles que la préfabrication, la construction volumétrique préfinie [PPVC] et le bois lamellé-collé [CLT], le gouvernement pousse également l’industrie vers la fabrication hors-site pour l’assemblage sur place, ou la conception pour la fabrication et l’assemblage [DFMA]. En octobre 2017, le gouvernement a lancé la feuille de route pour la transformation de l’industrie [ITM].

Il s’agit d’utiliser les nouvelles technologies pour améliorer et accélérer les processus de construction, en créant de nouveaux emplois de meilleure qualité. Les promoteurs ne peuvent soumissionner pour des sites publics que s’ils sont prêts à construire un pourcentage minimum de logements via des méthodes hors-site. Qui plus est, dans une grande ville comme Singapour, la construction horssite avec 80 % hors du chantier est devenue la seule solution pour combattre les nuisances sonores. Les travaux sur place consistent uniquement aux raccordements aux réseaux et aux raccordements structurels et mécaniques des différents modules. Autrefois, Singapour était recouvert de forêts. Afin de reverdir les lieux, chaque promoteur a l’obligation de restituer la surface prise au sol en surface végétalisée. Les architectes créent des espaces verts au milieu des tours en lieu et place d’appartements ou de bureaux. Sans perte de volumes pour autant : ce qui a été végétalisé se récupère en hauteur. Singapour ambitionne de devenir la ville la plus verte à ̀ l’horizon 2030.

La tour CapitaSpring

[en cours] de 280 m de haut, située au 88 Market Street, conçue par BIG-Bjarke Ingels Group et CRA-Carlo Ratti Associati, est une oasis urbaine dans le quartier central des affaires de Singapour. Ce nouveau gratte-ciel de 93 000 m2 préfigure le bureau du futur. Les éléments verticaux de la façade extérieure du bâtiment laissent entrevoir les oasis de verdure s’épanouissant à la base, au cœur et sur le toit. Un jeu dynamique de lignes orthogonales et de verdure luxuriante se présente dans les textures contrastées de l’acier et du verre, entrelacées avec la végétation tropicale.

L’hôtel Oasia

[2016], imaginé par l’illustre agence Woha, a métamorphosé le cœur du quartier d’affaires. Ce gratte-ciel fait fusionner architecture et nature, en combinant espaces intérieurs et extérieurs, loin des sempiternelles tours conventionnelles, sans ouvertures et climatisées. Oasia optimise l’usage du sol dans une approche tropicale : tour perforée, perméable, au vert luxuriant. 21 espèces de plantes grimpantes contrastent avec le rouge vif des façades.

Clement Canopy

Autre figure de proue, les deux tours résidentielles Clement Canopy construites hors-site par Bouygues Bâtiment International [2016]. Elles culminent à 140 mètres de haut, composées de modules préfabriqués en béton, soit 1 899 modules préfabriqués et préfinis. Chaque module est achevé à environ 85 % hors du site, avant d’être assemblé sur place. In fine, le dispositif écologique a permis de réduire les déchets sur le site de 70 % et hors-site d’environ 30 %.