Zaha Hadid, l’inoubliable architecte a élevé l’architecture en principe de vie, et fait vaciller les évidences à travers une multitude de moyens d’expression. Avant-gardiste, elle a épousé très tôt la construction industrialisée, la géométrie architecturale et la fabrication robotique via l’utilisation hors pair d’outils numériques de conception.
Anglaise, née à Bagdad, en 1950, Zaha Mohammed Hadid a étudié les mathématiques avant de fréquenter l’école londonienne l’Architectural Association (AA), l’école supérieure de design de l’université d’Harvard, l’école d’architecture de Chicago, l’université des arts appliqués de Vienne. Zaha Hadid a travaillé dix ans à̀ l’Office for Metropolitan Architecture (OMA) pour ensuite créer son agence de design architectural à̀ Londres en 1979.
Elle a embrassé tous les domaines de création pendant des décennies d’exploration, aussi interdépendants que l’urbanisme, l’architecture et le design. Sa vie s’est achevée le 31mars 2016, pour autant son héritage perdure bien au-delà des murs du studio qu’elle a fondé. Sa carrière a été couronnée par de nombreux prix. Pour n’en citer que quelques-uns, en 2004, elle a été la première femme lauréate prix Pritzker Architecture. En 2015, la prestigieuse médaille d’or royale pour l’architecture lui est décernée parla reine Élisabeth II, et en 2019, elle a obtenu le prix Stirling, l’une des plus hautes distinctions en architecture.
Figure renommée de la déconstruction au même titre que Franck GERHY, cette briseuse de lignes, dans des compositions spatiales futuristes à la fois complexes et légères, a refusé le linéaire de l’architecture contemporaine prenant à revers tous les tabous. Artiste au tempérament fougueux, elle a vécu l’architecture comme un acte de résistance. «Je suis toujours considérée comme à la marge, malgré tout ce que j’ai fait. Cela ne me dérange pas. C’est une bonne place», déclarait-elle. Encore aujourd’hui ses œuvres voluptueuses nous saisissent presque physiquement avec leurs courbes organiques et intenses.
L’héritage
L’agence Zaha Hadid Architects (ZHA) n’a de cesse de rechercher et d’affiner des méthodes de construction modernes, de s’enrichir au contact d’experts dans d’autres disciplines et de se tourner vers un public plus large. «Il s’agit d’un processus à double sens :nous appliquons nos recherches et nos expérimentations architecturales à ces conceptions, mais nous apprenons aussi beaucoup du processus de collaboration avec des experts dans différents domaines. Il ne s’agit pas de compétition, mais de collaboration et de ce que ces pratiques et processus peuvent apporter les uns aux autres», précise ZHA
Les prémices du modulaire
Dès 2009, les premiers projets de l’agence dans lesquels les méthodes de préfabrication ont été appliquées et servi de point de départ, sont des pavillons temporaires aux allures de vaisseau spatial, s’inspirant de motifs en spirale présents dans la nature : le Chanel Mobile Art Pavilion installé à Hong Kong comme Tokyo, en passant par New York et Paris (Institut du Monde Arabe), sans oublier le Burnham Pavilion en 2009 à Chicago. L’enveloppe plastique du pavillon de cet ovni artistique est renforcée de fibres de verre, et habille une succession de segments d’acier arqués de taille décroissante. Les approches numériques ont permis de réaliser les formes organiques fluides et épurées : l’outil informatique comme la construction ayant valeur de médium de concrétisation physique de l’imaginaire : rien a priori ne devant être infaisable.
Un itinéraire HORS-SITE
On fait un saut dans le temps pour se plonger dans les prouesses du modulaire version ZHA. Lovée en bordure de la mer des Caraïbes et de l’océan Pacifique, l’île de Roàtan au Honduras abritera sous peu, un complexe écologique, signé par l’agence … (Suite de l’article dans le magazine N°13)