Des milliers d’architectes peuvent aujourd’hui penser la construction sans entraves et sans limites à travers la fabrication hors-site.
Denis Dessus, président de l’ordre des architectes (CNOA), s’inquiète des éléments présentés dans le rapport Michel-Rivaton qui pousse à massifier l’industrialisation de la construction selon une approche hors-site. Il définit ce document comme «un coup de pouce aux industriels de la préfabrication». «Il est clair que le gouvernement veut privilégier les contrats globaux, en ne tenant pas compte des principes européens, traduits dans le droit français, qui imposent l’allotissement comme principe général», ajoute-t-il. Le rapport Rivaton donné au Ministre Julien Denormandie en novembre 2019 sur le salon Hors-site pendant Batimat était resté dans les tiroirs du ministère, ce n’est peut-être pas un hasard si Madame Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État au logement, nous le livre en même temps que la sortie de la RE2020.
L’urgence climatique n’est pas un jeu, nous devons réfléchir à l’origine de nos matériaux, comment ils sont fabriqués ? Comment ils sont mis en œuvre et comment demain nous pourrons les réutiliser ? Nous devons réinterroger l’ensemble de la chaîne, depuis la conception, les approvisionnements, la construction jusqu’à la démolition et la réutilisation. Notre planète fait face à des enjeux immenses, la construction porte une lourde part de responsabilité, nous devons abriter des activités humaines de plus en plus importantes en utilisant de moins en moins de ressources. Or, nous construisons avec les mêmes méthodes artisanales qu’il y a 40 ans, le bâtiment est la dernière activité à ne pas avoir encore opéré sa mutation industrielle.
La construction Hors-site est une évolution du monde du bâtiment. Pour faire face aux réglementations, les bâtiments évoluent, devenant de plus en plus complexes, ces évolutions ont toujours existé. Il y a 40 ans. Le menuisier fabriquait les fenêtres, elles étaient relativement simples, à noix et gorges de loup, l’étanchéité se faisait par le gonflement du bois en hiver. On acceptait une température un peu fraîche dans son logement. Avec la généralisation du chauffage central, les envies de plus de confort des populations – les chocs pétroliers poussant à l’économie- les menuiseries ont grandement évolué, grandes ouvertures coulissantes, doubles joints, doubles vitrages…
La manière de les produire également, les menuisiers sont pour certains devenus des industriels capables de produire des menuiseries de très grande qualité à des prix très raisonnables, d’autres ont choisi le chantier et assurent le rôle essentiel de la mise en œuvre. Au début, les menuiseries sur-mesure étaient chères mais avec l’arrivée des machines à commande numérique, elles sont maintenant proposées au prix du standard.
Il en va de même avec la construction Hors-site, de nombreux éléments comme les façades, les salles de bains, les gaines techniques, les balcons ou les modules de la construction modulaire3D volumétriques, peuvent être produits en usine. Grâce à une plus grande efficacité, on améliore la qualité et les conditions de travail des ouvriers. Il devient même possible de … (Suite de l’article dans le magazine N°13)