« L’évolution vers le hors-site est inévitable. Les architectes peuvent être des acteurs majeurs de ce changement. Les autres acteurs du hors-site feront de toutes façons avec ou sans les architectes… Alors il vaudrait mieux faire partie du voyage ! »
Emmanuel Coste,
architecte et président
de l’Agence COSTE
Architectures
PROPOS RECUEILLIS
PAR VIRGINIE SPEIGHT
VIRGINIE SPEIGHT. Vous avez fondé votre agence en 1984. Quel a été votre point de départ ?
EMMANUEL COSTE. En fait, l’agence COSTE a été initiée en 1984 par mon père François COSTE (Architecte-Urbaniste à Montpellier). J’ai pris le relais et développé l’agence sur le territoire national et à l’international, en créant une implantation en région parisienne en 1997.
V.S. Êtes-vous influencé par l’architecture hors-site à l’étranger ?
E.C. Oui je regarde beaucoup ce qui se fait à l’étranger. C’est très riche, notamment car les normes sont moins contraignantes qu’en France pour les matériaux et les contraintes réglementaires. À titre d’exemple, je regarde souvent le travail de l’agence BIG et ses conceptions paramétriques qui permettent d’enrichir la construction hors-site par un jeu de granulométrie volumique. Leur approche est très globale : architecturale, plastique, sociologique, technique…
V.S. Comment la construction modulaire peut-elle participer aux changements de vie ?
E.C. La construction modulaire permet un changement de paradigme sur la notion de patrimoine. On revient à ce qui serait pour moi la base : c’est l’usage. Un usage qui peut varier selon les périodes de la vie, selon les lieux de construction, selon les changements climatiques… On est plus libre, beaucoup moins figé que dans une démarche traditionnelle, lourde, patrimoniale. Quand on me demande de décrire un bâtiment, j’en oublie de plus en plus sa composition structurelle, pour ne voir plus que les espaces à vivre en tant qu’usage, de plaisirs, d’émotions, de ressentis. La construction est au service de tout ça… Et c’est en ce sens que la construction hors-site accompagne ces changements de vie.
V.S. Dans l’histoire de la construction hors-site, quelles maisons ou bâtiments vous ont-ils particulièrement marqués ?
E.C. Je pense en priorité aux « casestudy houses », une expérimentation de construction de maisons aux USA entre 1945 et 1966. Une approche rationnelle, design et constructive qui me plaît. Et dans cet esprit, mon père avait remporté un concours d’idées national lancé par le ministère du logement : imaginer des maisons agrandissables pour jeunes couples. Il avait mis au point un système constructif hors-site avec l’entreprise PICHON à Montpellier. Le système était baptisé PIAL et il y a eu quelques réalisations.
V.S. Avez-vous eu l’envie de créer votre propre maison ?
E.C. En 2010, j’ai réalisé ma maison, baptisée « Maison Canopée », pour moi un laboratoire expérimental des solutions écologiques et énergétiques. Elle a été primée par la région Île de France pour sa faible empreinte écologique, tout en maintenant une approche économique. (1 800€/m2). C’est en réalisant, en 2007, « La Bonne Maison » pour le célèbre photographe Yann Arthus-Bertrand que j’ai compris les enjeux de la construction passive et industrialisée (avec GEOXIA).
V.S. Quels sont vos projets les plus marquants ?