SÉQUENCE INTERVIEW
Peggy Schouller-Guinet,
responsable du Business Development
chez ArcelorMittal Construction France
La filière française du géant mondial de l’acier fait ses premiers pas dans la construction industrialisée hors-site avec une nouvelle gamme de produits : D2B, des façades et balcons préfabriqués pensés pour faciliter les grands projets de construction et de rénovation du logement.
Kim Biegatch. Pouvez-vous me présenter l’entité ArcelorMittal Construction France ?
Peggy Schouller-Guinet. Il s’agit d’une filiale du groupe ArcelorMittal, sidérurgiste qu’on ne présente plus, fabricant d’enveloppes en acier galvanisé destinées au bâtiment : des profils, lames, clins et cassettes de façade, des panneaux sandwich, des planchers métalliques… Avec un chiffre d’affaires annuel de 280 millions d’euros, je pense que nous sommes leader de la sidérurgie en France.
K.B. Qu’est-ce qui explique le succès de vos produits ?
P.S.-G. Ce qui nous différencie, c’est que nous englobons toute la chaîne de production jusqu’au produit fini en produisant nos propres bobines d’acier galvanisé revêtu. Cela nous permet de proposer un grand choix de couleurs : nous avons un nuancier de 118 couleurs standards, mais nous pouvons également proposer des teintes à la demande, comme l’emblématique bleu d’un célèbre fabricant de meubles suédois. L’autre particularité, c’est que notre revêtement métallique n’est pas en zinc pur : il s’agit d’un mélange breveté à base de zinc, d’aluminium et de magnésium appelé ZM Evolution®. C’est un matériau très performant en corrosion, qui permet de préserver les ressources naturelles et de réduire les émissions de CO2 lors de sa fabrication dans notre usine de Contrisson.
K.B. Quel regard portez-vous sur la construction industrialisée ?
P.S.-G. On sent qu’il y a une demande importante pour le résidentiel collectif et le bureau. S’agissant du résidentiel collectif, la préfabrication hors-site a augmenté de 13 % entre 2018 et 2022. Il y a un gros challenge au vu de la demande et des besoins : il faut pouvoir aller vite, en particulier dans le domaine de la rénovation. La préfabrication est une réponse clé puisqu’il est plus facile de trouver des salariés qui vont venir travailler dans nos usines que sur des chantiers, été comme hiver.
K.B. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller sur ce marché ?
P.S.-G. Faire des panneaux sandwich, c’est déjà, selon moi, un système de préfabrication puisqu’il s’agit d’un mur préfabriqué avec deux tôles d’acier et un isolant au milieu. Nous avons voulu aller plus loin en assemblant ces panneaux en atelier pour en faire des éléments plus conséquents et en y intégrant les menuiseries. C’est ainsi que nous nous sommes lancés dans l’aventure de la façade préfabriquée en atelier avec D2B® (Designed to Build) Promisol® et Archisol®. Il s’agit de façades rideau dalle à dalle avec de très bonnes performances thermiques. Dans le cas de D2B Archisol, il est possible d’y ajouter des parements de façades. Nous avons aussi imaginé des balcons préfabriqués qui seront présentés lors du Salon Batimat. Ces balcons sont composés d’un cadre UPE, de panneaux sandwich et d’un platelage en bois issus d’une gestion forestière durable, prêts à poser sur la façade avec des sabots et des tirants. Ces balcons sont utilisables en quatrième famille grâce à une appréciation de laboratoire de sécurité incendie.
K.B. À quel type de chantiers ces produits sont-ils destinés ?
P.S.-G. Nous nous adressons en priorité au résidentiel collectif. Nous avons beaucoup d’espoir pour la rénovation : la préfabrication va nous permettre de massifier les opérations de rénovation sans que les habitants aient à subir pendant deux ans la présence d’échafaudages et toutes les nuisances relatives aux rénovations lourdes. Nous travaillons actuellement sur un chantier de réhabilitation de logements sociaux des années 1970 de quatrième famille à Limoges où nous prévoyons d’installer 138 balcons. L’intervention se fait en extérieur, donc il est possible de travailler en site occupé. La présence d’un espace extérieur est une solution pour revaloriser un bâtiment en fin de vie ou d’offrir un nouveau cadre de vie aux habitants.
Propos recueillis par Kim Biegatch