Bâtiment 4.0

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Outre la révolution du BIM, de nombreuses opportunités technologiques, accélérées par le digital, émergent et s’installent dans les processus de la construction, annonçant les bases de la « construction 4.0 »

[Par Karim Beddiar, ingénieur, docteur des ponts paristech, responsable régional R&I à Cesi, Christian Grellier, Directeur open innovation chez Bouygues Immobilier, Edward Woods, directeur central technique chez Bouygues Immobilier]

Le bâtiment voit sa productivité horaire baisser dans les pays aux économies avancées depuis plusieurs décennies. Cette difficulté à s’appuyer sur la « courbe d’expérience » pour améliorer ses procédés et réduire ses coûts est probablement liée au produit particulier, unique par nature, qu’est le bâtiment, mais aussi à des dysfonctionnements du secteur. Mentionnons en particulier un fonctionnement en silo avec une faible intégration des sous-traitants dans la
réflexion des donneurs d’ordres sur l’amélioration de leur productivité [à la différence de l’automobile ou de l’aéronautique], mais aussi du fait du sous-investissement du secteur dans les nouvelles technologies. Autodesk citant l’institut Gartner indique ainsi que le secteur de la construction arrive derrière les services gouvernementaux, juste devant l’agriculture et la chasse dans le classement des industries en terme d’investissements IT. Cette baisse de la productivité par rapport au reste de l’économie expose le secteur au risque de ne plus savoir répondre aux besoins des États développés. Et ainsi de courir le risque d’être disrupté, remplacé par des acteurs légitimes… ou inattendus.

A Paris, le bâtiment haussmannien cumule un triple avantage : une localisation dans les beaux quartiers centraux, une esthétique communément appréciée, et une adaptabilité élevée à l’évolution des besoins de ses occupants, qu’ils soient résidentiels ou tertiaires. Si les deux premiers points peuvent être traités par une politique de développement sélective sur la localisation et par des signatures architecturales cotées, le troisième point [l’adaptabilité] doit nous faire réagir…