Déclic de la transition numérique

1979

Transition numérique

La transition numérique est une nouvelle expérience traversée par les acteurs de l’industrie du bâtiment, inhérente au modèle hors site qui repense mondialement la construction.

[ PAR FRANÇOIS-GABRIEL PERRAUDIN, Architecte Expert BIM, Directeur Technique @ Etudes et Automates ]

Maquette Numérique, BIM ou encore modèle 3D sont devenus des mots courants dans le monde de la construction. En effet, la transition numérique de l’industrie du bâtiment passe par une évolution des outils de représentation du bâtiment. Dans la multitude de formats numériques, le BIM a pris le devant de la scène avec le format IFC, et pour une raison très simple. Il réunit dans une seule source toutes les informations du projet, non seulement la modélisation 3D mais également les quantitatifs, les caractéristiques des matériaux, les vues en plan, en coupe, en élévation, les fiches produit, etc. Il est donc naturellement devenu indissociable de la transition numérique.

Qu’est-ce que ça change ?

Le BIM est un outil fabuleux. Toutes les données du projet de bâtiment sont accessibles en un endroit, un lieu. Il suffit de savoir l’exploiter. Le premier grand changement, c’est l’utilisation de plateformes de collaboration de manière quasi systématique. En effet, dorénavant les acteurs du projet de bâtiment échangent leurs modèles BIM de manière régulière, et travaillent donc main dans la main, et chaque spécialité apporte sa pierre à l’édifice. Le modèle BIM permet ensuite d’exploiter la donnée sous plusieurs formes. On peut ainsi extraire des quantitatifs, procéder à des détections de conflits entre les différents métiers (réseaux et Gros œuvre par exemple), visualiser la maquette depuis n’importe où, planifier le chantier (BIM 4D) etc.

Quel est le rapport avec le Hors Site ?

Il faut voir la maquette BIM comme un assemblage d’objets avec chacun ses propriétés. Un mur est un objet, au même titre qu’un évier. On comprend alors tout de suite que le Hors Site est parfaitement adapté à cette nouvelle technologie. Le type de fabrication Hors Site le plus poussé (module 3D) correspond à un macro-objet composé d’une multitude de sous-objets, autant dans la maquette numérique que dans sa composition physique. De fait, chaque fabricant de modules devrait d’ores et déjà avoir son catalogue modélisé en BIM. Le concepteur n’aurait alors plus qu’à assembler les éléments du catalogue pour produire son bâtiment modulaire. La symbiose entre BIM et Hors Site est telle que l’on observe une corrélation entre le développement des deux technologies dans le monde entier.

Quelles sont les applications actuelles ?

La France est malheureusement en retard dans le domaine du Hors Site, il est donc difficile de donner des exemples. Il faut regarder du côté du Royaume-Uni pour trouver les exemples les plus proches de développement d’applications industrielles au BIM. L’exemple phare est le configurateur d’écoles PRISM développé par la société Bryden Wood qui permet de configurer un ensemble scolaire préfabriqué en entier sans aucune connaissance technique, et d’exporter le design directement au format BIM. Nous pouvons encore regarder du côté de l’entreprise Katerra, qui fait un usage complet des solutions BIM pour intégrer l’ensemble de leur catalogue modules et composants dans une seule base de données, et d’en exploiter le maximum tout au long du processus de production du projet de construction.

Quelles sont les applications potentielles du bim ?

Aujourd’hui il s’agit essentiellement d’un outil de conception et de maîtrise du catalogue. Il faut envisager que les solutions du type PRISM deviennent monnaie courante dans les années à venir, dans le cadre des bâtiments adaptés à ce processus. Côté Industriel et production du module, il faut rapidement envisager que les catalogues de fournisseurs deviennent numériques également, probablement accessibles en temps réel. Imaginez que lorsque vous ouvrez votre projet, un simple click permet de sortir l’ensemble du catalogue de produits nécessaires à l’assemblage des modules, mais également leur cout, leur disponibilité et leurs délais de production / acheminement.


Côté production, nous allons très rapidement voir
une transformation du format des documents de préparation de la chaîne de production. En effet, quelques sociétés dont la notre (Études et Automates) travaillent à l’automatisation de la production de la documentation de fabrication. L’enjeu est important. En effet, non seulement chaque module peut être détaillé instantanément, mais en plus une grande partie des découpes peuvent être envoyées en machines à commande numérique instantanément !

Et alors, qu’est-ce qui nous en empêche ?

Le passage au BIM est un investissement certain, il s’agit d’une évolution récente et qui demande du temps pour être implémentée. De plus, nous fonctionnons dans une industrie constamment en flux tendu, ce qui tend à faire disparaître toute opportunité de transformation de la chaine d’études et de production, couteuses en temps.
Cela dit le BIM est en train de se généraliser, et les gains sur le moyen – long terme deviennent évident et incontestables, ce qui encourage de plus en plus d’acteurs à franchir le pas. Le BIM est une aubaine pour toute l’industrie du bâtiment, mais peut devenir un véritable outil de transformation du modèle économique de la construction Hors Site, au bénéfice des fabricants. Mesdames, Messieurs à vos souris !

Photo par: Joyce Benoist