DES SOLUTIONS MODULAIRES POUR RECONSTRUIRE MAYOTTE

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L’ÈRE DES TEMPÊTES Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido ravage l’archipel de Mayotte, les vents vont jusqu’à 250 km/h, les pluies sont torrentielles. Du jamais-vu depuis quatre-vingt-dix ans

Le 14 décembre dernier, l’île de Mayotte a subi les assauts du cyclone Chido, un ouragan d’une violence exceptionnelle avec des vents atteignant 230km/h et des pluies diluviennes. Les dégâts ont été colossaux. Un tiers de la population s’est retrouvé sans logement, et les pertes sont estimées à environ un milliard d’euros. Face à cette catastrophe, l’État a rapidement sollicité les acteurs de la construction, dont l’Union des Métiers du Bois (UMB) et l’Association des constructions industrialisées et modulaires (ACIM), pour proposer des solutions de reconstruction efficaces et surtout durables.

L’UMB a présenté une solution modulaire inspirée des recherches menées après le séisme d’Haïti en 2010. Elle consiste en des modules de 19 m², en bois madrier préfabriqué, conçus pour résister aux vents cycloniques et aux séismes. Assemblés avec des fixations spécifiques, ils peuvent être superposés ou juxtaposés pour former des configurations variées. Pensés pour être montés par une main-d’œuvre mahoraise peu qualifiée, ces modules sont facilement transportables par conteneur. L’UMB a transmis sa proposition au ministère du Logement dans les 24 heures suivant la catastrophe. Depuis, l’État a mis en place un établissement public dirigé par le général Thierry Facon, pour coordonner les efforts de reconstruction, sur le modèle de gestion adopté pour la restauration de Notre-Dame de Paris. Pour accélérer la livraison, les modules pourront être assemblés à La Réunion, cette dernière option permettant un acheminement rapide via des avions militaires A400M. En métropole, les modules seront expédiés par bateau, chaque entreprise volontaire pouvant assembler un module par jour.

De son côté, l’ACIM a annoncé sa capacité à livrer jusqu’à 30 000 m² de constructions modulaires par mois à partir de mars 2025. Cette mobilisation vise à fournir des solutions d’urgence pour reloger les sinistrés et remplacer les établissements scolaires détruits. Grâce à des démarches administratives accélérées, les bâtiments provisoires pourraient être installés en moins de trois mois, tandis que les bâtiments permanents nécessiteraient moins de six mois. L’ACIM s’est engagée à collaborer avec les autorités locales, aménageurs et maîtres d’ouvrage, afin de proposer des solutions agiles et durables, sans pour autant se substituer aux acteurs traditionnels du bâtiment. De plus, les bâtiments proposés respecteront les normes environnementales en vigueur.

Exploiter les ressources locales

Ceux qui s’intéressent aujourd’hui aux ateliers organisés en marge des discussions soulignent l’importance d’utiliser les matériaux et techniques traditionnels locaux. Des guides techniques et des solutions précalculées devraient être élaborés pour accompagner les auto constructeurs tout en assurant la pérennité des ouvrages. L’exploitation rapide des arbres abattus par la tempête est également cruciale. Ces ressources, menacées par les champignons et les insectes, nécessitent la mise en place urgente de scieries mobiles. Par ailleurs, le bambou, reconnu pour ses propriétés écologiques et sa capacité à stocker le carbone, pourrait être intégré dans les constructions, notamment pour les brise-soleil et les revêtements de façade. (Le prochain numéro de Hors-Site consacrera une enquête aux problématiques de reconstruction de Mayotte et à l’apport des systèmes hors-site dans ce contexte.)