HABITER LE TEMPORAIRE

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L’exposition « Habiter le temporaire. La nouvelle maison des jours meilleurs » propose de découvrir les projets lauréats et mentionnés, mis en regard des situations de mal-logement aujourd’hui en France et des solutions que peut proposer l’architecture.

Exposition à La Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Place du Trocadéro à Paris, du 17 mai au 16 juillet 2017

Découvrir des situations de mal-logement aujourd’hui en France avec des solutions que peut proposer l’architecture au travers de réalisations récentes et les lauréats du concours Mini Maousse. Un espace est aussi dédié à « La maison des jours meilleurs », la première maison de fabrication industrielle, inventée par Jean Prouvé à la demande de l’Abbé Pierre en 1956.

MONTREUIL

Un campement hébergeant des familles Roms brûle en août 2008, dans une zone urbanisée de Montreuil. Afin de répondre au besoin de logements sociaux d’urgence de l’Office Public de l’Habitat Montreuillois, Procontain a réalisé 22 logements modulaires de haute qualité. Les 4 T1, 8  T2 et 10 T5 sont pourvus d’équipements de qualité : douches à l’italienne, plaques vitrocéramique, faïence et carrelage dans les sanitaires, escalier en hêtre massif, système de régulation du chauffage et un système d’accès filtrant. Parfaitement conformes aux exigences de sécurité, à la réglementation thermique et acoustique, les logements modulaires sur trois niveaux d’une surface totale de 925 m2 ont été réalisés en 12 semaines.

LE LAUREAT

Fabien Le Goff et Cédric Jenin, de l’Ecole d’architecture de Nantes, proposent une habitation en auto-construction. Les éléments préfabriqués en bois peuvent être assemblés sans clous, ni vis, ni colle. Une multitude de configurations est possible et le logement peut être monté, démonté et remonté sous une forme différente. Lauréat du concours, Woodstock fait l’objet d’une construction pouvant loger un couple et trois enfants et d’une expérimentation sur un terrain d’insertion sur l’île de Nantes. Ce site accueille actuellement une dizaine de familles, aidées par l’association « Une Famille, Un Toit ».

« LA MAISON DES JOURS MEILLEURS »

L’abbé Pierre, fondateur des Compagnons d’Emmaüs, devant la maison conçue par Jean Prouvé, exposé sur un quai de la Seine à Paris en 1956.

Suite au terrible hiver 1954, l’abbé Pierre fait appel à l’ingénieur Jean Prouvé qui lui propose « La Maison des jours meilleurs ». Inventée pour pouvoir être construite en série et montée en quelques heures, elle démontre la possibilité de l’industrialisation de l’habitat pour répondre à la situation catastrophique du logement. Le défi consistait à concevoir et construire une maison bon marché, équivalant à un appartement de type F3 (environ 50 m²). Une maison témoin est construite sur le quai Alexandre III, à Paris, pendant le salon des Arts Ménagers de 1956.
Cette « Maison des Jours Meilleurs » est constituée d’un soubassement en béton formant une cuvette où vient se poser un îlot central préfabriqué en acier, abritant dos-à-dos, la cuisine et les pièces d’eau. Supportant une poutre en tôle pliée, le bloc central forme l’ossature porteuse. Préfabriquée dans l’usine de Maxéville de Jean Prouvé, elle est montée sur le site en sept heures. Composée d’une salle de bains sans fenêtre située au cœur de l’habitation, une configuration inédite à l’époque, cette maison pourtant saluée par Le Corbusier comme « le plus parfait moyen d’habitation » ne reçut pas l’homologation pour une fabrication en série.

L’exposition « Habiter le temporaire » retrace l’histoire du prototype de « La maison des jours meilleurs ».

LE CONCOURS MINI MAOUSSE

Ouvert aux étudiants des écoles d’architecture, d’ingénierie et de design, il était consacré à la conception d’une habitation temporaire à la structure modulable, adaptable, empilable, démontable et transportable pour répondre au mal-logement. Sur les 200 projets reçus, huit ont été sélectionnés, et le lauréat fait l’objet d’une expérimentation grandeur nature à Nantes. Les projets sélectionnés :

« Wood UP ». Lauren Germain et Aurore Pulwermacher-Blanchard, de l’Institut supérieur des arts appliqués (Lisaa), ont imaginé un habitat simple et rapide à monter. Tranches et traverses sont assemblées sur site et les éléments prédécoupés du mobilier sont fixés sur la structure dans le même temps. Les modules de base, recouverts d’une bâche isolante, peuvent être regroupés pour créer des espaces allant de 16 à 45 m².

« Kyubu ». Virginie Vazquez et Ludovic Geraerts, de Lisaa, ont imaginé trois formats d’habitation, variant de 11 à 45 m², gainés d’une bâche isolante qui sert de protection thermique et acoustique, avec l’avantage d’être opaque de l’extérieur tout en laissant filtrer la lumière à l’intérieur. Cette enveloppe est tendue sur une structure en bois massif qui permet d’organiser des espaces ouverts autour d’une circulation intérieure.

« La tente ». Elise Sanner, de l’Ensad Nancy, réinvente le plus élémentaire des habitats en le solidifiant. Les parois sont en panneaux de particules de bois (OSB) que vient protéger une bâche imperméable extérieure. La disposition intérieure prévoit une séparation entre le foyer central et des blocs nuit pensés comme des lits plus ou moins clos.

« Contre-plaque-moi ou l’histoire de ceux qui plaquent tout pour mieux recommencer ». Le projet de Camille Chevrier et Thomas Enée, des Ecoles nationales supérieures d’architecture de Nantes et Paris-Val-de-Seine, repose sur la répétition d’un même module, une succession de grandes armoires en contreplaqué le long des parois de l’habitation. Ouvert, le meuble permet de déployer un lit, une salle de bains, une cuisine. Et fermé, il libère un espace de 3 m² au sol, permettant de dégager le centre d’une grande salle commune.

« Maison 280 ». Lukas Saint-Joigny de l’Ecole supérieure d’art et de design de Reims, a imaginé une structure porteuse simple, composée de poteaux sur lesquels viennent s’accrocher les panneaux de bois formant portes, fenêtres et cloisons. Une base commune qui permet de réaliser trois tailles de maisons.

« Light colombage ». Mégane Hentzen, de Lisaa, a ainsi recours à des « colombages légers » pour élaborer la structure de fine épaisseur mais faisant toute la hauteur de ses constructions. Ce système doit permettre une économie, notamment en termes de matériaux mis en œuvre. Par ailleurs, l’étudiante a souhaité ainsi définir « une esthétique de village ».

« Moving roof ». Arnaud Ribière, Diana Pinheiron et Manon Merceron, élèves de l’Esam (Ecole Supérieure des Arts Modernes) Design, s’inscrivent dans un processus d’économie circulaire en proposant des habitations réalisées en matériaux récupérés sur site : des vestiges du trafic ferroviaire tels que rails, traverses ou ballast. Leurs modules aux allures de wagons sont dotés d’une sur-toiture qui peut abriter des usages variés : greniers ou serres.