La construction hors site est une opportunité à saisir pour répondre au besoin de logements

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Elia Abou Chaaya
Directeur de l’activité hors-site & modulaire de BTP Consultants

Chacun peut constater que la production de logements est actuellement en situation de blocage : les projets ont du mal à se vendre, alors que la demande est importante. Les causes sont connues : inflation, évolution à la hausse des taux d’intérêt, frilosité des banques… On constate également une baisse de la qualité avec des listes de réserves de plus en plus longues en raison de pertes de compétences et du manque de main-d’œuvre. Les promoteurs sont aussi contraints par la nouvelle réglementation environnementale qui va progressivement les obliger à limiter l’impact carbone des constructions, ce qui, bien sûr, va engendrer des coûts supplémentaires.

Dans ce contexte, la construction hors site est une opportunité à saisir pour répondre au besoin de logements, tout en faisant baisser les coûts et en réduisant leur empreinte carbone. C’est aussi un moyen de réindustrialisation. De leur côté, les promoteurs ne sont pas opposés à cette méthode et souhaitent la découvrir. D’ailleurs, certains d’entre eux se sont lancés dans des projets pilotes. Mais ils conservent la même vision et n’ont pas encore changé leurs habitudes. Ils ont du mal à passer de l’expérimentation à la massification. Or, quand un promoteur développe un processus de massification, il y a forcément une économie d’échelle qui se traduit par une baisse des coûts. L’économie passe par la standardisation, ce qui ne veut pas dire négliger la qualité architecturale ni la performance des bâtiments.

Sur le plan carbone, la construction hors site autorise une diminution plus rapide de l’impact par les modes constructifs et parce qu’elle est bien adaptée au besoin de sobriété en matériaux. Elle permet également de limiter le surcoût lié à cette diminution, en comparaison de la construction traditionnelle. Mais il faut pour cela que l’industrialisation soit bien rodée, et cette industrie ne pourra réellement se développer que s’il existe un engagement politique fort, ainsi qu’un cadre réglementaire et normatif adapté. Cela implique aussi une collaboration transparente entre les parties prenantes, un investissement significatif de la formation et du développement des compétences et, enfin, des incitations financières encourageantes pour compenser les surcoûts de démarrage et faciliter la transition vers cette approche, comme cela se passe en Suède ou au Royaume-Uni.