Opinion#6 Il faut passer d’une économie linéaire à une économie circulaire

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Depuis quelques temps, le terme d’économie circulaire est en train d’arriver en masse dans le domaine de l’immobilier et de la construction, dans tous les salons, MIPIM, BIM World…

Dans la presse spécialisée, tous le monde y va de son couplet sur l’économe circulaire : les ressources sur notre planète ne sont pas infinies, la construction utilise plus de 50% des ressources, les besoins de construction au niveau mondial sont immenses, nous ne pouvons plus fermer les yeux et continuer à puiser sans fin dans les ressources pour construire, comme nous l’avons fait depuis un siècle, tout comme l’automobile est en train de migrer des énergies fossiles vers les énergie décarbonées, il va falloir apprendre à utiliser moins de béton.

Le Ciment

Le béton nous fait basculer dans une catastrophe climatique. (John Vidal The Guardian Février 2019)

« Le ciment, composant clé du béton est l’un des matériaux synthétiques les plus utilisés et désormais la pierre angulaire de la construction mondiale. Il a façonné l’environnement moderne, mais sa production a une empreinte environnementale massive que ni l’industrie ni les gouvernements n’ont été disposés à prendre en compte.

Chaque tonne produite libère une tonne de CO2, principal gaz à effet de serre, jusqu’à 8% des émissions mondiales de CO2 proviennent désormais de la production de ciment. Si c’était un pays, l’industrie du ciment serait la troisième plus grande du monde, ses émissions n’étant dépassée que la Chine et les États-Unis.

Son empreinte carbone est si grande que, à moins d’être transformé et d’adopter des pratiques plus propres, le secteur pourrait à lui seul mettre en péril l’ensemble de l’accord de Paris de 2015, qui vise à maintenir les températures mondiales à une augmentation de 2°C. L’ONU estime que, pour l’adapter à ses besoins, ses émissions annuelles devraient baisser d’environ 16% au cours des dix prochaines années et de beaucoup plus dans l’avenir. »

Pour la première fois, un grand journal ose s’attaquer au béton, et prétend qu’il faut taxer l’industrie du ciment massivement pour inverser la courbe infernale qui fait basculer le monde dans une catastrophe climatique.

Le Sable

Les villes sont littéralement construites avec du sable. (World Economic Forum avril 2019)

« Alors que l’urbanisation mondiale se poursuit à un rythme soutenu, la demande en béton et donc en sable, augmente. Alors que près du tiers de la surface terrestre de la planète est constituée de déserts, ce n’est pas le type de sable qui convient pou l’industrie de la construction, car les particules sont arrondies par le vent et ne se lient pas dans le ciment et le béton comme les particules angulaires trouvées sur les plages et dans les lits des rivières, les lacs et l’océan. D’ici à 2100, on estime que jusqu’à 23% de la population mondiale, soit 2,3 milliards d’habitants prévus, vivra dans les 101 plus grandes villes du monde. Pour loger ces personnes, l’extraction minière industrielle ou l’extraction de granulats – où le sable est retiré des lits des rivières, des lacs, des océans et des plages pour la construction – l’extraction se fait à un rythme plus rapide que le renouvellement des matériaux, ce qui a un impact énorme sur l’environnement. »

Le Béton

Si le béton est un matériau fantastique qui a permis à certaines époques, comme après guerre, de répondre à des besoins vitaux, de loger les populations de construire des hôpitaux et des ponts, si le béton est un matériau aujourd’hui encore bien souvent irremplaçable, il devient indispensable de penser que pour certaines utilisations, il est possible et vertueux d’utiliser des matériaux provenant de ressources renouvelables comme le bois ou des matériaux à fort pouvoir de recyclage comme l’acier. Les nouvelles techniques comme le lamellé collé ou le CLT (Bois lamellé croisé) repoussent les limites des possibles, comme cette tour en bois Mjostarnet de 80 mètres de haut qui vient d’être livrée en Norvège ou les deux tours de Croydon à Londres de 44 étages en construction modulaire acier (fortement recyclable).

D’UNE ÉCONOMIE LINÉAIRE VERS UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE !

Le changement est nécessaire, l’utilisation de matériaux provenant de ressources renouvelables comme le bois ou de matériaux à fort pouvoir de recyclage comme l’acier est une option à prendre sérieusement en considération.

Ces matériaux se prêtent plus volontiers à la préfabrication qu’au travail sur le chantier, c’est sans doute pourquoi nous voyons la construction Hors-site se développer dans le monde entier, les progrès de la production en usine sont indéniable mais c’est bien là le plus grand changement ! Sur le chantier, on peut changer de matériau sans changer la méthode, mais les résultats d’amélioration de qualité, de réduction de délais ET DE PRIX, ne seront pas au rendez vous. Pour obtenir les meilleurs résultats il faut changer vraiment, aller vers la construction Hors-site et pour cela, il va falloir changer de software…

Nous avons dans nos têtes des phrases toutes faites qui font l’apologie d’un monde du passé et qui sont des freins terribles à l’évolution rendue nécessaire par le changement climatique. La première phrase, c’est : « Investir dans la PIERRE ». Comme vous l’avez sans doute remarqué, nous ne construisons plus beaucoup en pierre, qui par ailleurs était un fantastique matériaux en terme d’économie circulaire, avec la pierre souvent trouvée localement on construisait, puis au bout de quelques décennies, le bâtiment endommagé par le temps finissait par s’écrouler, les pierres étaient alors réutilisées pour un nouvel édifice ! Malheureusement, le savoir faire de la construction en pierre à disparu, les niveaux de prix et les cadences imposées, sauf cas marginaux ne peuvent pas répondre aux besoins de l’immobilier.

La seconde c’est : « Construire en DUR », quand nous pensons construire en « dur », nous pensons béton ou briques mais surtout construire pour des générations, pour ne pas dire pour l’éternité, comme nos grand parents ou arrières grand parents, nous pensons que nos enfants et petits enfants vivrons eux aussi dans cette nouvelle maison, c’est oublier que nos société évoluent à très grande vitesse et que les usages évoluent plus vite que les bâtiments, le résultat, ce sont des bâtiments qui au bout de 20 ou 25 ans sont souvent inadaptés aux usages et qu’il ne nous reste plus qu’à démolir !

Les matériaux à la fin de vie d’un bâtiment sont aujourd’hui considérés comme des déchets et très peu réemployés ou recyclé, (alors que dans l’automobile par exemple les constructeurs ont obligation de recycler plus de 95 % des matériaux) c’est un gâchis absolu ! Il est donc nécessaire de penser autrement l’immobilier et la construction, avec des visions de bâtiments moins « Éternels », plus adaptables aux changements de nos sociétés ayant moins d’impact sur l’environnement. Former des architectes et des ingénieurs à l’utilisation de matériaux alternatifs tels que le bois, utiliser de nouvelles méthodes de construction plus frugales comme la construction Hors-site… Bref : entrer dans une économie circulaire est d’une absolue nécessité !

CONSTRUIRE HORS SITE LA SOLUTION ?

Construire Hors-site, c’est finalement construire délocalisé, en dehors du chantier, dans un bâtiment inutilisé loué pour l’occasion à 2 km comme le fait LECO http://leco.pro par exemple qui utilise des entrepôts désaffectés pour une durée courte, ou dans une usine ultra sophistiquée comme celle de Lindbacks http://lindbacks.se/ au nord de la Suède.

Dans tous les cas, les conditions de travail sont infiniment meilleures, sous un toit, avec la possibilité d’utiliser des outils et des méthodes difficiles voir impossibles à mettre en œuvre sur le chantier.

Les avantages sont immenses, comme le désengorgement de la ville car n’oublions pas que les besoins de construction sont là où se trouve l’emploi, c’est à dire en ville et qu’un chantier dans la ville, c’est beaucoup, beaucoup de camionnettes, construire Hors-site c’est diviser par dix le nombre de transports et de déchets.

« La qualité est très largement améliorée, les délais de construction sont réduits, souvent
divisés par deux. »

La qualité est très largement améliorée, les délais de construction sont réduits, souvent divisés par deux, enfin les coûts sont également mieux maîtrisés, il peuvent même dans certains cas de figure, être notamment réduit comme sait le faire Boklok en Suède par exemple qui livre 1 300 logements par an 25% moins cher que tous ses concurrents.

Un ensemble de raisons qui font que de plus en plus d’investisseurs se tournent vers la construction Hors-site comme Greystar investisseur Américain qui pour une des opération les plus importantes de Londres, Greenford Quay, de plus de 2 000 logements à choisi la construction modulaire, la première tranche de 379 logements est en cours de livraison alors que les premiers modules ont été posés en décembre 2018 !

Il est important de comprendre qu’aller vers la construction hors-site c’est accepter un changement profond, ce n’est pas seulement changer de technique, passer d’un matériaux à un autres, d’une construction sur le chantier à une préfabrication en usine, pour que les promesses soient au rendez vous, il faut un changement radical des modes de penser la construction.

Pour réussir, il est nécessaire de changer les habitudes, de briser les codes de la construction classique, chez tous les acteurs, depuis l’aménageur foncier en passant par le maîtres d’ouvrage et les concepteurs.

Les entreprises de construction ont développées
des savoir-faire leur permettant de répondre à tous les exercices de style, à toute les excentricité, il est absolument prodigieux de voir les bâtiments que les entreprises réussissent à construire, mais ce que l’on ne voit pas toujours c’est à quel prix, humain et
financier ! Les entreprises vont mal, ne peuvent plus investir ni faire de R&D, le départ à la retraite de la main d’œuvre qualifiée insuffisamment remplacée par les jeunes, va accélérer le processus.

Construire Hors-site c’est rompre avec l’organisation segmentée en silo et passer dans des organisations collaboratives, c’est également penser DfMA, Design for Manufacture and Assembly : Concevoir pour la pré-fabrication, c’est aussi accepter la notion de « standards » !

Beaucoup d’acteurs de la construction ne sont pas convaincus, mais le coup est déjà parti, avec Boklok en Suède, avec Katerra aux USA avec Google qui entre dans la danse avec le rachat de Planfab, la question n’est plus de savoir si il faut y aller mais de comment le faire le plus vite possible.

C’est pour cela qu’aidé par les plus importants acteurs de la construction, nous avons crée le CAMPUS HORS-SITE, pour former l’ensemble des acteurs de la supply chain de la construction, c’est une école en E-learning, gratuite pour tous ceux qui veulent apprendre, doté de nombreuses ressources pédagogiques permettant de comprendre et de mettre en application les bonnes méthodes du Hors-site.

La construction Hors-site, pour un monde meilleur !