Penser la ville de demain : renouer le dialogue entre l’humain et l’urbain

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 St. John’s Park, New York / États-Unis, par Ballman Khapalova.

Comme dans tous les moments d’incertitude croissante, ce printemps 2022 a vu fleurir toute une série de travaux de prospective illustrés par des scénarios de futurs possibles. Chaque scénario s’appuie sur un facteur déterminant. Tantôt ce sera l’économie couplée à la technologie (Intelligence artificielle dite IA, par exemple) et un rôle puissant des firmes transnationales et notamment des oligopoles ; tantôt ce sont les dynamiques sociétales qui vont orienter l’Histoire. Pour franchir tous les «Cap Horn» qui s’annoncent, la confiance et la solidarité au sein des équipages ne valent-elles pas mieux que n’importe quel sextant ?

par Nicolas Millet
Docteur en sciences sociales (EHESS)

Les enjeux de la ville de demain

En 2050, les deux tiers de la population mondiale vivront en ville (soit près de 6 milliards d’habitants), contre un peu plus de la moitié aujourd’hui. Cette évolution est porteuse de menaces et de défis déjà bien perceptibles : inégalités, ségrégations sociales et spatiales, pollutions et impact carbone, défiance et violences civiles, complexité croissante des systèmes, gouvernance démocratique, etc. Cela va nécessiter de repenser l’aménagement et le développement urbains ainsi que les politiques publiques qui les sous-tendent, tout comme les solutions techniques, afin de surmonter les crises et de réduire les fractures socioéconomiques.

Face à ces enjeux, deux tendances plus fondamentales méritent d’être questionnées. D’un côté, la ville n’est-elle qu’un ensemble de services, plus denses et diversifiés qu’ailleurs, avec ses fonctionnalités qui mettent le plus souvent « l’humain au service de l’urbain » au travers, notamment, du concept de smart city qui place davantage l’homme dans un statut de « sujet », plutôt consommateur qu’acteur ? Ici, la gouvernance se pose majoritairement en termes de « la ville – Comment ? » De l’autre, la ville peut-elle être aussi conçue comme un objet plus désirable où « l’urbain est au service de l’humain » ? La slow city considère l’homme plutôt comme un « individu » à qui l’on propose un univers de choix à partir desquels il peut créer son processus et sa trajectoire d’accomplissement professionnel et d’épanouissement personnel ; la gouvernance cherche à répondre à « la ville – Pourquoi ? ».

Pour tenter d’éclairer cette controverse, de nombreux…(Suite de l’article dans le magazine N°19)