Emmanuel Di Giacomo est en charge du développement des écosystèmes BIM pour l’Europe chez Autodesk, notamment en charge des relations avec tout le tissu des sociétés du domaine de l’architecture et du BTP, de l’éducation, de l’évangélisation, du pilotage de développements technologiques spécifiques, ainsi que des relations avec les grandes associations et fédérations professionnelles. [par Virginie Speight]
Pourriez-vous nous résumer l’activité d’Autodesk ?
Autodesk imagine et développe des logiciels pour les professionnels de tous les secteurs d’activité. Si vous avez déjà conduit une voiture haute performance, admiré un gratte-ciel imposant, utilisé un smartphone ou regardé un beau film ou joué à un jeu vidéo, il est fort probable que vous ayez expérimenté ce que des millions de clients Autodesk créent avec nos logiciels.
Nous avons été à l’origine de la création du concept du BIM et des technologies paramétriques pour le secteur de l’architecture, l’ingénierie et la construction il y a plus d’une dizaine d’années. Nos points forts résident dans le fait que nous sommes capables d’adresser toutes les problématiques tous secteurs confondus et que nous innovons et investissons en R&D pour fournir le meilleur de l’innovation
à nos clients afin qu’ils créent un monde meilleur et plus durable.
Sur quoi vous concentrez vous en ce moment ?
Nous nous adressons à nos grands clients en direct ainsi que les TPE et PME par le biais de notre réseau de revendeurs spécialisés. Notre actualité récente se concentre sur la mise à disposition de solutions avancées Cloud pour le secteur de la construction afin de démocratiser l’accès aux technologies collaboratives. Nous avons aussi mis à disposition des technologies de conception générative en béta et avons codéveloppé des technologies [EC3] permettant de calculer et d’anticiper l’empreinte
carbone d’un bâtiment. Enfin, nous développons des solutions autour de l’industrialisation de la construction tels que le DfMA.
Quelles sont les entreprises qui font appel à Autodesk ?
De nombreuses entreprises leaders telles que Bouygues Construction, VINCI Construction, Artelia, Eiffage, COLAS, Systra, Valode et Pistre, AREP, Wilmotte, Brunet Saunier Architecture, Ateliers2/3/4, VIGUIER, ENGIE, SNCF, et bien d’autres encore utilisent nos solutions pour l’AEC et le BIM.
Comment la technologie
change-t-elle notre façon de concevoir et de produire ?
La technologie et notamment le BIM bouleversent notre manière de concevoir, construire et gérer l’environnement bâti. Ces nouvelles approches collaboratives permettent de travailler d’une manière qui n’est plus asynchrone. Elles permettent de créer des maquettes BIM des bâtiments qui autorisent l’étude et la simulation de différents types de performances et comportements [énergétique, structurel, économie de la construction, etc.], évitant ainsi toute erreur et défaut de conception avant le début de la construction. Grâce à ces approches, on peut tout à fait automatiser la production et l’industrialiser afin d’accélérer la construction des bâtiments tout en assurant un niveau de qualité bien supérieur. Une fois construits, ces édifices pourront être gérés de manière totalement digitale et on pourra même faire de la maintenance prédictive.
En quoi le BIM est plus qu’un outil ?
Le BIM n’est pas un outil, c’est un processus qui permet à tous les acteurs d’un projet, toutes disciplines confondues, de collaborer en temps réel depuis les premières esquisses, jusqu’à la gestion et la maintenance, en passant par la conception et la construction. Les maquettes digitales informées et riches
de ces édifices permettant d’en assurer l’exploitation et la gestion et maintenance.
Quel est l’état du BIM en France ?
Le BIM en France progresse, avec un peu plus d’une dizaine de pourcent d’adoption dans l’écosystème global du BTP. Les majors de la construction, de l’ingénierie et de l’architecture ont quant à eux totalement adopté et implémenté ce nouveau processus. Il reste des progrès à faire au niveau éducation et politiques
d’apprentissage liées aux BIM, notamment dans les écoles d’architecture et d’ingénierie.
Pouvons-nous dresser une comparaison avec d’autres pays qui ont adapté le BIM à grande échelle ?
Si nous comparons la situation avec le Royaume-Uni qui est le pays le plus en avance avec les pays nordiques, nous sommes clairement en retard. Les obligations du BIM dans le cadre des marchés publics en Europe et dans le monde ont clairement un effet positif dans le développement Les pays nordiques et l’Asie avec des pays comme Singapour sont clairement en avance. La France est l’exception mondiale sans obligation. Nos voisins Italiens, Russes et Allemands ont rendu obligatoire l’utilisation du BIM pour les marchés publics.
Quelle relation établissez vous entre Autodesk et le BIM ?
Autodesk a été à l’origine de la création du concept du BIM il y a 17 ans, avec notamment le rachat de Revit qui est devenue la plateforme et le logiciel BIM le plus utilisé dans le monde. Cette solution paramétrique 3D est utilisé sur la quasi majorité des projets se faisant sur la planète à l’heure actuelle. Plus de 97% des gares du Grand Paris sont conçues avec Revit.
Enfin, Autodesk est le seul éditeur à proposer le concept de Collection AEC intégrant les solutions logicielles les plus utilisées et indispensables dans le cadre d’un processus BIM. Enfin pour démocratiser l’accès à la technologie, Autodesk a lancé le concept de location de licences, afin d’en réduire le coût d’achat et de location des logiciels.
Quel rôle joue Autodesk par rapport au système hors-site ?
C’est une longue histoire. Nous essayons de conceptualiser et d’automatiser la
conception d’un bâtiment afin qu’il puisse être produit en environnement sec de manière optimale. Nous avons ainsi développé des technologies de type Kitconnect pour créer des modules réplicables, mais aussi
toute la partie DFMA afin d’avoir les outils nécessaires à une production industrialisée du bâtiment. Nous aidons par ailleurs nos clients désireux de partir vers des nouvelles approches en les accompagnant dans le cadre de leur transformation digitale. Nos partenaires ADN utilisent aussi quant à eux l’ouverture des APIs de nos applications pour développer sur la base de nos noyaux logiciels, des solutions adaptées à la problématique du hors-site.
Photos par Joyce Benoist