Débattons !
Parce que c’est dans la Silicon Valley que se dessine une nouvelle organisation du monde via les technologiques numériques, on ne peut qu’être très attentif au discours de Michael Marks. Qu’on en juge : Katerra est l’entreprise de construction qu’il a crée en 2015 sans rien connaître du monde de la construction, si ce n’est son mode de fonctionnement archaïque et son manque de qualité. Début 2018, la société vient de trouver un nouvel investisseur, à hauteur de 865 millions de dollars, ce qui la valorise à 3 milliards de dollars. Il est vrai qu’elle a déjà 1300 employés, deux usines et 1,3 milliard de projets en commande. En trois ans…
Il faut faire un parallèle avec la récente déclaration du directeur du Centre National d’Etudes Spatiales qui vient de reconnaitre la réussite de la fusée SpaceX d’Elon Musc et de demander à l’Europe de « foncer pour rattraper le temps perdu » sur cet outsider apparu il y a tout juste quinze ans. Parce qu’Elon Musc, c’est aussi la voiture électrique Tesla, et que Michael Marks est un ancien directeur de Tesla. Avec Katerra, il met en pratique les mêmes recettes et affiche une réussite tout aussi spectaculaire.
Tournons nous vers Singapour. « Notre » Bouygues y revendique le titre de leader de la construction modulaire, grâce à deux tours en chantier de 1 866 modules empilés (record du monde), et un projet de résidence de 805 appartements. Et de vanter les mérites de ce mode de production qui répond le mieux aux attentes de ses clients.
Marseille est bien plus proche, mais il s’y passe des choses fort éloignées de nos pratiques habituelles. Pressés d’ouvrir leur « Route de la Soie », les chinois viennent d’inaugurer un centre de grossistes du textile asiatique pour le marché européen, avec 95 boutiques de 170 m2 entièrement préfabriquées en Chine. Prochaine étape : un centre de négoce informatique « Made in China ».
Dans le projet de loi Elan, il a suffi de ces quelques mots : « faciliter les systèmes de construction dits préfabriqués » pour déclencher une réaction d’une rare ampleur des professionnels du bâtiment. Nous y consacrons un dossier dans lequel on découvre qu’il ne va donc pas être facile de moderniser un secteur qui semble pourtant montrer ses limites, et ce, alors que d’autres alternatives avancent à grand pas.
Evitons le cruel constat de l’aérospatial européen, ouvrons vite le débat de la construction hors-site !
Christophe Faure