LE CAMPUS HORS SITE FAIT ÉCOLE

4529

SÉQUENCE INTERVIEW
Julie-Anne Millet, Directrice du Campus Hors Site
et Directrice associée du cabinet Patch Conseil

PROPOS RECUEILIS
PAR VIRGINIE SPEIGHT

VIRGINIE SPEIGHT. En quoi consiste exactement le Campus HORS SITE ?

JULIE-ANNE MILLET. Le Campus Hors Site vise à diffuser les méthodes de construction hors-site en France et à apporter des solutions concrètes aux grands enjeux de transformation de la filière de la construction. Tout le secteur fait face à des problématiques majeures: urbanisation croissante avec une pression sur la construction de logements neufs dans les villes, baisse endémique de la productivité, accroissement des délais de construction, qualité en berne, difficulté à trouver de la main-d’œuvre qualifiée, exigences de plus en plus fortes en matière de respect de l’environnement et de recyclage, développement du Smart Building et des outils numériques…

V.S. Au niveau de la diffusion et l’adoption des méthodes hors-site, la France semble accuser un certain retard.

J.-A.M. Selon une étude récente de l’Observatoire des métiers du BTP ciblée sur la préfabrication et l’industrialisation, « l’offre de formation continue actuelle est limitée et les contenus issus de l’offre de formation initiale présentent d’importantes disparités selon la spécialité et les certifications visées ». Il est donc devenu nécessaire de renforcer les compétences liées à la préfabrication pour en favoriser le développement. Dans ce contexte, le Campus Hors site, créé en 2019 sur un modèle déjà opérationnel en GB, est une école de formation innovante, ciblée sur le domaine de l’industrialisation du bâtiment.

V.S. Qu’est-ce que cet outil peut apporter au secteur du bâtiment ?

J.-A.M. Il met à disposition de tous les acteurs de la chaîne de valeur du bâtiment (maître d’ouvrage, maître d’œuvre, entreprises générales et spécialisées du bâtiment, artisans et industriels) un dispositif d’apprentissage en ligne et en présentiel pour appréhender les techniques de construction hors-site. Il permet à tous ces professionnels de se former à partir d’un programme de formation adapté et personnalisé. Tout en créant une communauté centrée sur les besoins de la construction hors-site dans une logique de plateforme de compétences, de capitalisation et de transmission des savoir-faire acquis.

V.S. Comment cela fonctionne-t-il ?

J.-A.M. L’école offre un apprentissage sous forme de «blended learning» à la fois e-Learning et en présentiel – ateliers, journées professionnelles, séminaires d’apprentissage, plateforme pédagogique. La plateforme e-learning met à disposition des ressources pédagogiques entièrement gratuites sur simple inscription grâce au soutien des entreprises partenaires du Campus.

V.S. Quels sont les partenaires ?

J.-A.M. Le Campus Hors Site est aujourd’hui financé par une quarantaine d’entreprises qui considèrent que l’accès à une formation de qualité dans le domaine de l’industrialisation de la construction est indispensable pour construire une véritable filière d’excellence. Ces entreprises se situent sur tout l’échiquier: maîtres d’ouvrage (promoteurs immobiliers ou bailleurs), maîtres d’œuvre (cabinets d’architectes, bureaux d’études, bureaux de contrôle), entreprises générales, industriels et fabricants.

V.S. Vous êtes en train de faire école

J.-A.M. Le CESI, école d’ingénieurs, s’est montré très rapidement intéressé pour développer une option « Construction Industrialisée, Modulaire et Hors-Site » (CIMHS) au sein de leur mastère spécialisé « Management de projets de construction ». Nous avons travaillé en partenariat avec Karim Beddiar, responsable du Mastère et Responsable Régional Recherche et Innovation, afin de construire un programme sur-mesure pour des étudiants désireux de se spécialiser dans des modes constructifs innovants et durables. La Conférence des grandes écoles a validé le programme et la première promotion de ce Mastère pourrait démarrer dès la rentrée 2021 !

V.S. Le consortium réuni autour du Campus HORS SITE vient d’être lauréat du programme d’investissements d’avenir (PIA) #3 généralisé. Que représente ce programme ?

J.-A.M. Cette subvention atteste d’une reconnaissance des pouvoirs publics de l’émergence en France d’une nouvelle filière innovante de la construction et de la réhabilitation industrialisée. Porteuse d’emplois, y compris dans des zones défavorisées. Ces emplois émergents peuvent en outre se féminiser. Nous n’en sommes qu’au début de l’aventure et nous avons bien évidemment besoin de moyens pour construire une offre de formation qualitative et certifiante. Grâce au concours de l’État, de la Région AURA et de la Banque des territoires, nous pouvons nous projeter sur les 3 prochaines années, aux côtés de nos entreprises partenaires, afin de proposer à terme un outil de formation structuré pour cette filière industrielle d’avenir en France.