L’histoire insolite d’une reconversion réussie

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Voici l’histoire d’une usine de grille-pain vosgienne, métamorphosée en usine de fabrication de maisons. Une expérience qui souligne le rôle de l’évolution du personnel dans l’industrie du bois mais va bien au-delà. [ par Virginie Speight ]

Depuis plus de quarante ans, le groupe Seb produisait des mini fours et des grilles pains dans l’usine vosgienne du Syndicat. Au fil du temps, l’usine de 18 000 m2, dut faire face à la concurrence sans merci des produits venus d’Asie. L’activité allant de mal en pis, le groupe dut prendre la décision de fermer l’usine. Pour le personnel en place, la situation fut sans appel, cela concernait 2 000 employés à la belle époque. Afin de sauver les emplois des 200 personnes toujours en poste, un projet ambitieux de transformation industrielle fut imaginé. En lien avec les élus locaux et le groupe SEB, Pascal Chazal alors président d’Ossabois releva le défi. 50 personnes, dont 70 % de femmes reprirent le chemin du travail.

L’équipe fut formée à la construction bois. Dès mars 2008, l’usine démarra avec une production de murs à ossature bois et fabriqua 470 des 8 000 Cottages du Center Parc – domaine des 3 forêts – pour le groupe Pierre & Vacances. Douze années se sont écoulées. Aujourd’hui, l’usine emploie près de 100 personnes et enregistre une production de plus de 6 000 équivalents logements.

Les produits ont évolué vers encore plus de sophistication avec des salles de bains préfabriquées ou des modules de chambres étudiants ou hôtels. Cette expérience est riche d’enseignement. Elle met en lumière une main-d’œuvre qui n’est pas qualifiée bâtiment : aucun menuisier ou carreleur n’œuvrait chez SEB. Les ouvrières de SEB se sont donc mises en 2008, à produire des éléments de bâtiment, des murs à ossature bois de plus d’une tonne, voir des chambres d’hôtel de plus de six tonnes. Alors que dans le passé, elles fabriquaient des petites pièces de quelques kilos seulement. En l’espace de quelques semaines, l’usine de construction bois s’est révélée opérationnelle.

La reconversion des ouvrières a été porteuse d’une nouvelle énergie pour l’entreprise Ossabois. Ces femmes ont donc changé de produit, pas de métier, car les métiers de l’industrie résident dans la définition de processus permettant de fabriquer les produits, quels qu’ils soient, dans les meilleures conditions possibles avec la recherche permanente de la satisfaction du client, qualité, coût, délai – le trépied du LEAN. Les bénéfices sont immenses. Cela a permis entre autres de produire des bâtiments avec une maind’œuvre qui n’est pas une main-d’œuvre bâtiment. Cette évolution est précieuse au moment où le personnel qualifié part à la retraite, et n’est pas remplacé par les jeunes peu attirés par les métiers du bâtiment. La France ferme ses usines, la mondialisation et la concurrence asiatique font rage.

Les nouveaux modèles comme la voiture électrique, réduisent les besoins sur certains produits comme les pots d’échappements, les radiateurs, les boîtes de vitesses etc. Alors pourquoi ne pas utiliser ces usines et ces professionnels de l’industrie pour produire des bâtiments ?