Tout le monde veut son jumeau numérique

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Il est l’alter ego idéal. Le super Lego – super héros auquel on fait subir les pires scénarios sans que son double authentique n’encoure de risques. Cet être parfait, baptisé jumeau numérique, réunissant à la fois Cloud, design génératif et outils de virtualisation, a séduit le secteur de la construction. Qui le voit comme le futur compagnon de route du hors-site. Comme il est agréable d’avoir un bon copain.

Par Jean-Marie Hosatte

À Abidjan (Côte-d’Ivoire), le siège de l’opérateur français Orange, projet de Koffi et Diabaté Architectes. Devant la complexité de la façade courbe, inspirée de la balle de golf, le BE Jet Constructors a collaboré avec les experts en ingénierie 3D de Dassault Systèmes. Ces derniers ont mis en œuvre un jumeau numérique pour mener à bien leur mission

Dieu a bien calculé son coup. Le Tout Puissant a laissé l’humanité grouillante de la plaine de Babylone échafauder un projet de tour si haute qu’elle pourrait atteindre le ciel. Il n’a pas foudroyé les hommes quand ils ont tracé leurs plans, ni noyé les usines de briques sous le déluge. Dieu a même laissé l’humanité se doter d’une langue commune. Les briques ont été cuites par millions, les murs sont montés haut avant que l’Éternel ne décide que la farce avait assez duré. On connaît la fin de l’histoire. Dieu crée la diversité infinie des langues. Les hommes qui ne se comprennent plus ne peuvent plus s’entendre et les murs de Babel s’effondrent. Mais si nous retentions l’aventure ? Ne faudrait-il pas, d’abord, nous doter d’un outil qui nous permettrait de nous entendre, de travailler tous ensemble en utilisant les mêmes savoirs partagés, selon les mêmes échelles de temps, selon les même références culturelles ou techniques ? Ne faudrait-il pas disposer d’une sorte de talisman assez puissant pour conjurer les fléaux de l’incompréhension, du quiproquo, de la gaffe, de la bourde et du bug ? Les premiers à se poser la question furent ceux qui ont réveillé le vieux rêve des architectes de Babel. Dès les années 60, les ingénieurs de la Nasa ont l’idée de créer un double du vaisseau Apolo13 afin d’évaluer son comportement dans l’espace et, à partir des enseignements recueillis, de résoudre les problèmes de conception et de fabrication de la fusée. La part numérique de ce premier jumeau augmente fortement avec les progrès de la modélisation 2D et 3D…(Suite de l’article dans le magazine N°26)