Opinion#3 La construction au 21éme siècle, c’est comme l’automobile des années 80!

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Enjeux de l’industrialisation de la construction au 21ème siècle

Automobile & construction : mêmes symptômes, mêmes remèdes ?

Serait-ce une véritable révolution qui est en route avec l’industrialisation de la construction ?

Le bâtiment est devenu tellement complexe que l’organisation et les méthodes du passé ne fonctionnent plus. Nous devons rechercher de nouvelles approches plus efficaces. Dans de nombreux pays, on constate que la construction hors-site est identifiée et mise en avant par sa plus grande capacité à répondre aux nouveaux enjeux de la construction du 21éme siècle !

En France, elle existe bien sur avec la construction à ossature bois, la construction CLT, les salles de bains préfabriquées, le modulaire etc. Pour autant les attentes du marché ne sont pas comblées, peut être parce que le changement est plus grand qu’il n’y paraît !

 

Pour le comprendre, un parallèle avec l’automobile

En Europe, dans les années 80, nous avons vu disparaitre la quasi-totalité des fabricants de motos européens. Ducati, Moto-guzzi, Laverda, Norton, BSA. Et autre Motobécane au profit des Honda, Suzuki et yamaha, moins chères. Beaucoup plus fiable et performantes.

Les constructeurs automobiles européens de l’époque, se sont bigrement inquiétés de leur sort car les japonais, ce qui était à prévoir, s’intéressaient à leur marché.

Ils avaient d’ailleurs déjà commencé aux USA et en Angleterre.

En moins de dix ans, le marché de la moto a irrémédiablement basculé.

Les anciens, comme moi, se souviendront qu’à l’époque, les japonais étaient considérés comme des « copieurs » dotés de peu d’imagination. Nos constructeurs avaient plutôt l’habitude de se moquer d’eux, mais les copieurs ne risquaient ils pas de dépasser les maîtres ?

Rencontre avec le Japon et les méthodes modernes de production!

Nos constructeurs décident d’aller voir au japon comment ils s’y prennent pour produire des motos et des voitures avec un tel rapport qualité prix! Ils découvrirent des méthodes de production modernes et efficaces, développées depuis l’après-guerre. Le pays est alors détruit, les ressources sont faibles et l’Empereur demande à son peuple d’apprendre à faire avec moins !

C’est chez Toyota que les nouvelles méthodes se développent avec la mise au point du TPS (Toyota Production System). également appelé Lean-Manufacturing (on peut traduire lean par « maigre ». Faire avec moins : moins de pièces, moins d’heures, etc.). Ces méthodes d’industrialisation reposent sur le bon sens, la chasse au gaspillage, l’amélioration continue, et le bon usage des standards.

Il est bon de se rappeler qu’à cette époque, PSA produisait deux autos très similaires, la 106 Peugeot et la Saxo Citroën, dans deux usines… sans aucune pièce commune, tout le contraire de la standardisation! Poids de l’histoire et du refus du changement !

Ces nouvelles méthodes japonaises d’industrialisation sont d’une efficacité redoutable. Elles utilisent la standardisation, permettent d’entrer dans les processus d’amélioration continue et de produire des objets qui chaque jour deviendront de meilleures qualités et seront proposés à un prix plus bas. Ces méthodes seront alors importées en Europe, mais il faudra quelques décennies pour que nos constructeurs auto reviennent parmi les meilleurs du monde.

Une autre découverte majeure : Le processus d’achat

Lors de leurs visites au japon, nos constructeurs font également une découverte d’une grande importance. Les méthodes d’achat pratiquées à l’époque par les constructeurs européens, sont très dures vis à vis de leurs sous-traitants.

Ceux-ci, plutôt de petite taille, sont mis sous une pression terrible et étranglés par les niveaux de prix. Ils ne peuvent pas investir, ni engager de R&D. Ils finissent par produire des pièces de piètre qualité! En somme, on se tire une balle dans le pied, mais on pense que c’est la bonne méthode.

Au japon, les sous-traitants sont moins nombreux et de taille plus importante. Leurs relations avec les constructeurs sont établies sur l’ordre du partenariat : Par exemple, nous avons besoin de créer de nouveaux sièges. Nous élaborons un cahier des charges : qualité, prix, délai et nous organisons un premier tour de table avec trois ou quatre entreprises capables de répondre. Rapidement, un choix est arrêté, même si la faisabilité du projet n’est pas assurée. Mais, on va travailler ensemble en méthode collaborative, dans un esprit gagnant-gagnant pour réussir ce challenge. Et ça marche!

Depuis les années 80, les constructeurs auto européens ont conduit ce changement. Ils sont devenus parmi les meilleurs, et leur sous-traitants ont retrouvé la capacité à investir et à innover. Certains sont désormais des acteurs majeurs, côtés au Cac40 comme valéo ou faurecia. Capable de produire à bon prix des pièces et des sous-ensembles de haute technicité, sans amoindrir la performance des constructeurs, bien au contraire.

 

Industrialisation de la construction : les promesses de la construction Hors-Site !

Voilà bien ou se situe la construction Hors-Site! C’est un véritable changement de paradigme, une révolution à mener. Elle est culturelle, autant que technique, digitale et industrielle. Elle passe par des changements majeurs d’organisation de l’ensemble de filière construction. Et bouscule l’organisation habituelle et quelque fois même les réglementations.

Des voix s’élèvent !

La préfabrication et la construction Hors-Site voient apparaître des réticences de la pars de nombreux acteurs. Car elle remet en question la structuration même de l’industrie de la construction. Certain s’inquiètent de la pauvreté architecturale, d’autre de la disparition du monde artisanal.

Le modèle actuel essaye de répondre au enjeux du 21ème siècle avec des méthodes du passé. Le marché est dominé par des acteurs très puissants qui doivent gérer de grands nombres d’informations et d’intervenants. En utilisant des quantités impressionnante de ressources et de moyens. Et parce que ceci est d’un coût très élevé, ce sont les sous-traitants qui trinquent!

Ils sont mis a rude épreuve, subissent une pression terrible sur les prix, et ne peuvent ni investir, ni faire de la R&D. Cela vous rappelle t’il quelque chose?

Depuis la maîtrise d’œuvre jusqu’aux peintres et carreleurs, les sous-traitants sont en mauvaise santé. Ils finissent par manquer de moyen, par faire du travail de piètre qualité. Les dernières statistiques de la SMABTP le montrent en constatant une augmentation de 70% de la sinistralité entre 2008 et 2016 et tirent vigoureusement la sonnette d’alarme.

Conclusion

Le Hors-Site est en fait ce dont rêvent en silence les entreprises de préfabrication. Quelles soient de l’ossature bois, du CLT, du béton de l’acier, systèmes électriques, CVC ou de plomberie, ou bien encore de la 3D volumétrique, salle de bain ou modules. La plupart du temps, les industriels sont considéré comme des sous-traitants classiques, désignés de la même manière, trop tardivement pour être impliqués et pour participer vraiment à la mise au point du produit.

La logique d’achat de la construction traditionnelle comme vu ci-dessus repose sur un grand nombre de sous-traitants en capacité de répondre, car utilisant des techniques traditionnelles connues et maîtrisées. Dans le cas de l’industrialisation de la construction ou de la préfabrication, le nombre d’entreprise est infiniment plus réduit et les techniques peuvent varier considérablement d’une entreprise à l’autre.

Il est donc nécessaire de procéder autrement, un peu comme dans l’automobile. Il faut choisir l’industrialisation de la construction plus tôt et ne pas avoir peur de jouer un partenariat gagnant/gagnant !

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