Morlot Construction, la croissance passe par la Bourse

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Rare acteur français maîtrisant la chaîne de valeur de la forêt jusqu’à la construction et la promotion immobilière, le groupe vosgien Morlot, via son pôle Construction bois & enveloppe du bâtiment, a annoncé, en septembre dernier, sa volonté d’entrer en bourse sur le marché Euronext Growth. Objectifs : lever 8 millions d’euros et accélérer son développement grâce à ses solutions de construction biosourcées et modulaires en bois (2D et 3D). Une bonne occasion pour le magazine Hors Site de s’entretenir avec Laurent Morlot, président du groupe.

Laurent Morlot, président de Morlot Construction

Avant d’évoquer l’introduction en Bourse de votre entreprise, pouvez-vous nous dire où en est le groupe Morlot ?

Laurent Morlot. Aujourd’hui, avec près de 380 collaborateurs, le groupe est composé d’entreprises spécialisées dans la construction et l’industrie, particulièrement dans le bois et l’enveloppe du bâtiment. Notre ambition est d’être un acteur majeur de la construction durable et un fournisseur d’énergie à base de matériaux biosourcés. Nous voulons favoriser l’innovation et l’efficience énergétique dans ce secteur, et développer des projets fidèles à nos valeurs : l’économie circulaire, les circuits courts et les matériaux biosourcés. D’ailleurs, nous sommes le premier fabricant français de solutions bois à être certifié « Bois de France ». Nous utilisons 100 % de bois français, dont 85 % issus du massif vosgien. Notre slogan est clair : « De la forêt aux chantiers, en passant par celui des JO de 2024 à Paris ».

Pourquoi votre positionnement est-il intéressant ?
Parce qu’avec nos compétences, nous sommes en mesure de répondre à l’ensemble des exigences de la réglementation environnementale des bâtiments neufs (RE2020) : performance énergétique, diminution de l’empreinte environnementale du bâtiment et de sa construction par la réduction significative des émissions de carbone et la production d’énergie bois. D’ores et déjà, Morlot Construction a participé à la fourniture d’éléments et/ou à l’édification de certains sites qui accueilleront les épreuves sportives de 2024. Citons, par exemple, le stade Yves-du-Manoir à Colombes (92) pour les épreuves de hockey sur gazon, le pôle sportif de Saint-Quentin (02), le centre aquatique de Saint Denis (93) ou encore le pôle de préparation des épreuves de judo à Nogent-sur-Oise (60).

Pourquoi choisir une entrée en Bourse pour votre activité construction bois et enveloppe du bâtiment ?
Nous avons connu une croissance rapide ces cinq dernières années, passant de 18 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 à 100 millions en 2022. En 2023, le pôle construction bois atteindra 80 millions d’euros de chiffre d’affaires et nous devrions dépasser les 100 millions d’euros en 2024 pour un résultat net multiplié par deux : de 800 000 € à 1,5 million d’euros. Or nous ne sommes pas dimensionnés pour répondre à la demande. Nous avons besoin de renforcer nos fonds propres et d’investir dans l’outil de production.

Il s’agit d’assurer une continuité de développement. L’introduction en Bourse nous permet d’aller vite. Le cours de l’action est aussi un indicateur supplémentaire, un baromètre, pour savoir si nous sommes bien dans le vrai, dans la bonne direction.

La coupole du centre thermal à Nancy (54), réalisée avec le groupe Morlot.
Poutres treillis pour le pôle sportif de Saint-Quentin (02), labellisé Terres de Jeux 2024.

L’introduction en Bourse a-t-elle été bien accueillie ?
Oui, très bien du côté de nos salariés et de nos fournisseurs. Pour les investisseurs, c’est encore un peu tôt pour se prononcer (l’entretien a été réalisé le 4 octobre 2023, ndlr).

« Nous croyons beaucoup au développement
de la construction en modules 3D pour le logement,
les écoles, les hôtels, les résidences séniors
ou étudiantes. »

Laurent Morlot

L’un des axes de développement du groupe porte sur la construction hors-site 3D. Pourquoi ?
C’est même un axe de développement très important. Nous croyons beaucoup au développement de la construction en modules 3D pour le logement, les écoles, les hôtels, les résidences séniors ou étudiantes. Elle répond à de nombreux enjeux de société. Par exemple, il va y
avoir de gros besoins de résidences sénior, des Ehpad, mais aussi des résidences de logements pour les personnes âgés en autonomie. La construction hors-site est à même d’y répondre rapidement. Autres exemple : en raison d’une forte évolution démographique, les communes peuvent avoir besoin d’écoles. Ecoles qui pourront être démontées et remontées ailleurs, lorsque la pression démographique aura diminué. Beaucoup d’autres paramètres vont dans ce sens : réduction des temps de chantier, limitation des nuisances pour le voisinage, politique RSE des entreprises et amélioration des conditions de travail…

Comment comptez-vous vous positionner sur ce marché en devenir ?
Notre approche consiste à nous positionner en entreprise générale, c’est-à-dire répondre à des appels d’offres et travailler avec des partenaires fabricants. Il n’est pas question pour le moment de construire une usine ou de proposer un « catalogue » de modules. Il y a actuellement une surcapacité par rapport à demande, donc il faut d’abord créer le marché, convaincre les maîtres d’ouvrage, les travailler au corps pour utiliser les capacités existantes et créer une véritable filière pour avoir la maîtrise. Ensuite, nous verrons s’il est nécessaire d’investir dans une usine.

Vous travailliez également depuis longtemps sur la préfabrication 2D ?
Oui, j’aime dire que nous sommes le Hermès du bois français ! Nous maîtrisons toute la chaîne de production 2D avec des systèmes standards, mais aussi des murs 2D pour des projets spécifiques. Nous produisons 100 000 m2 de parois par an.

propos recueillis par Stéphane Miget