Voyage modulaire sur le cercle polaire

Le nord de la Suède connaît une révolution industrielle rare en Europe. La ville de Skellefteå, où s’est implantée une giga usine de batteries, doit s’adapter pour accueillir un important afflux de population. Signal fort de cette transformation, la tour en bois Sara. Non loin de là, à Piteå, l’usine flambant neuve Lindbäcks démontre que la construction hors site est en mesure de pousser loin l’industrialisation, de quoi répondre aux besoins de logements et aux enjeux environnementaux.

Multiprimée, la tour Sara, au centre-ville de Skellefteå, au nord de la Suède, sur les rives de la mer Baltique, culmine à 76 mètres (20 étages). Conçue par l’agence White Arkitekter, elle est l’une des tours en bois les plus hautes du monde. Sa hauteur exceptionnelle n’est pas la seule raison qui la rend remarquable. Elle l’est d’abord d’un point de vue urbanistique et sociétal, car c’est une pièce essentielle du développement de cette ville située juste en dessous du cercle polaire et qui va voir sa population considérablement augmenter dans les prochaines années. Cette ancienne cité minière de 72 000 habitants, qui a vu sa population décroître depuis les années 1980, devrait, selon les projections de la commune, accueillir 40 000 habitants de plus dans les dix à quinze ans. Un accroissement qui s’explique par l’installation de la plus grande usine de batteries au lithium d’Europe. Cofondée par un ancien de Tesla, le Suédois Peter Carlsson, l’usine Northvolt Ett prévoit de produire ici un million de batteries par an pour alimenter le marché européen. Quelque 4000 personnes seront à terme embauchées et cela générera, toujours selon ces mêmes estimations, de 10 000 à 15 000 emplois induits. En comparaison, l’usine de batteries annoncée à Dunkerque créera, dans sa première tranche, 1200 emplois directs et 3000 indirects.

Cet apport de population, souvent comparé à la ruée vers l’or dans l’Ouest américain au XIXe siècle, implique un changement d’échelle en matière de construction, notamment des logements pour… (Suite de l’article dans le magazine N°22)