Il y a la Californie des cartes postales et la Californie telle qu’elle est

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La Californie est le point zéro de la crise du logement aux États-Unis. À Los Angeles, deux mondes coexistent bien que mal, celui de l’opulence et celui du dénuement le plus complet. Le sans-abrisme dans la ville n’est pourtant pas une fatalité, des solutions voient le jour, l’une des plus abouties étant la construction de villages d’abris temporaires.

California House, agence Gluck+, Hollywood Hills, Los Angeles, Californie, États-Unis

Los Angeles, la « Cité des anges ». Rassurez-vous, je ne vais pas jouer les guides touristiques. Sous ses paillettes, ses plages dorées, elle est aussi la ville des personnes sans-abri, des gens de peu, des hommes, des femmes et enfants déracinés arrivés illégalement sur le sol américain. Paradoxalement, la Californie, l’État le plus riche des États-Unis, avec un PIB de 2,94 milliards de dollars serait la cinquième puissance économique du monde si elle était indépendante. Et pourtant on n’a jamais croisé autant de personnes livrées à la rue, y compris à présent dans un quartier aussi renommé que Venice.

Los Angeles Homeless Services Authority a publié début juillet les résultats du décompte des sans-abris du Grand Los Angeles 2020, attestant que 66 436 personnes dans le comté de Los Angeles étaient sans abris. Cela représente une augmentation de 12,7 % par rapport au chiffre de l’an passé. Dans un contexte où la pandémie n’a fait qu’aggraver un problème endémique. Ces résultats ont été publiés pile au moment où on assistait à des manifestations à travers Los Angeles et dans le pays, attirant l’attention sur les effets du racisme systémique sur la police et les services sociaux, et soulignant de manière alarmante que les Noirs sont quatre fois plus représentés parmi les personnes sans domicile fixe que dans l’ensemble de la population du comté de Californie.

Un campement de sans-abri dans les rues de Downtown Los Angeles, Californie, États-unis.

Eric Garcetti, membre du parti démocrate, est aux commandes de la mairie de LA depuis 2013 ; cet été face à la pluie de critiques qu’il a essuyé concernant sa gestion du problème, il a déclaré que « le maire de Los Angeles n’est pas un être tout-puissant » lorsqu’il s’agit de résoudre le problème des « sans-domicile fixe ». Avec plus de 41 000 personnes estimées sans abri dans la ville de LA, il n’est pas surprenant dans ces conditions que les deux candidats à la mairie qui s’affronteront en novembre, la femme politique Karen Bass, membre du Parti démocrate et élue de la Californie à la Chambre des représentants des États-Unis et le promoteur immobilier milliardaire Rick Caruso, passent leur temps à s’affronter sur les moyens de résoudre la crise. Karen Bass affirme vouloir traiter le sans-abrisme comme une urgence et déplacerait 15 000 personnes dans un logement ou un refuge… (Suite de l’article dans le magazine N°19)